Droits des femmes : l’UNFPA lance une étude sur la situation de l’avortement au Maroc

Le bureau du Fonds des Nations unies pour la population au Maroc (UNFPA Maroc) lance une étude sur la situation de l’avortement et son impact sur la santé et les droits des femmes, en vue de disposer d’informations factuelles et actuelles sur ce sujet.

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Manifestation pour le droit à l'avortement à Rabat, le 28 septembre 2022. Crédit: Rachid Tniouni / TelQuel

L’UNFPA Maroc lance un appel à candidature jusqu’au 20 février pour le recrutement d’un ou plusieurs consultants sur la situation de l’avortement et son impact sur la santé et les droits des femmes et des filles au Maroc. Cette étude s’inscrit dans le cadre du projet “Droit à la santé sexuelle et reproductive et égalité de genre au Maroc”.

Cette analyse consistera principalement à faire le point sur la situation de l’avortement et les pratiques y afférentes au Maroc, à identifier les causes et circonstances des pratiques de l’avortement, et à circonscrire les profils socioéconomiques des populations qui y recourent.

État des lieux et solutions

Elle consistera aussi à collecter les preuves scientifiques sur l’avortement dans le royaume, à montrer les impacts sur la santé et les droits des femmes et des filles, à faire un benchmark international et subrégional sur les bonnes pratiques et les solutions pérennes concernant l’avortement, à réaliser un état des lieux sur l’actuelle législation et à analyser l’impact de l’avortement au niveau social, mental et physique.

Une femme manifeste pour le droit à l’avortement, le 28 septembre 2022 devant le Parlement à Rabat, suite au décès de Meriem, 14 ans, après un avortement clandestin.Crédit: Rachid Tniouni/TelQuel

Les résultats de cette étude devront contribuer à analyser la prévalence de l’avortement, à cerner et comprendre les pratiques d’avortement existantes, à identifier les causes de l’avortemen, à faire le point sur la législation en la matière, à identifier les différentes barrières d’accès aux services de santé et d’éducation en matière de Santé sexuelle et reproductive (SSR), à recenser les différents acteurs concernés et à élaborer des recommandations pour assurer la protection de la santé des femmes en s’inspirant des bonnes pratiques aux niveaux subrégional et international.

Cette étude s’inscrit dans un contexte où des défis persistent encore par rapport à l’accès à l’information, l’éducation et les services en matière de SSR pour les jeunes. Conséquences : morbi-mortalité des jeunes filles liée à la santé sexuelle et reproductive, grossesses non désirées, avortements clandestins, mariage des mineures, violences contre les femmes et interruptions de grossesse, qui constituent l’une des causes majeures de mortalité et un problème de santé publique chez les femmes et les filles.

En effet, dans le monde, “plus de 60 % des grossesses accidentelles se soldent par un avortement, et l’on estime que 45 % des interruptions volontaires de grossesse sont non médicalisées et à l’origine de 5 à 13 % des décès maternels”, souligne l’UNFPA Maroc.

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Au Maroc, à ce jour, il n’y a pas encore d’estimation fiable sur l’avortement. En 2014, l’étude CAP sur les “Connaissances, Attitudes, Pratiques”, réalisée par le ministère de la Santé auprès de jeunes filles de 15 à 24 ans ayant eu des relations sexuelles, avait révélé que 7,9 % déclaraient avoir déjà eu des grossesses non désirées et que 70 % déclaraient avoir vécu un avortement. L’avortement à risque est donc une conséquence immédiate des grossesses non désirées et de l’échec de la contraception qui sont estimés respectivement à 25 % et à 27 %.

Rappelons qu’en 2013, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) alertait déjà sur le fait que “les avortements non sécurisés représentent par ailleurs 20 % de la charge totale de mortalité et d’incapacité imputable à la grossesse et à l’accouchement”.