Europe-Afrique : des députés libéraux des deux continents appellent à “la liberté des Africains de jouir de leurs richesses”

Réunis à Marrakech ces 5 et 6 décembre, dans le cadre de la conférence annuelle RenewPAC, les leaders politiques et députés libéraux des deux continents appellent à revoir et renforcer la coopération libérale entre l’Afrique et l’Europe.

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Marrakech : le renforcement de la coopération libérale entre l’Europe et l’Afrique est au cœur de la conférence annuelle RenewPAC. Crédit: MAP

Cette conférence de haut niveau est la première du genre depuis la pandémie. Organisée par un groupe d’eurodéputés libéraux (Renew Europe) et la fédération mondiale des partis libéraux, l’Internationale libérale, ces assises se veulent un moyen de renforcer la coopération libérale entre les deux continents.

Côté européen, il s’agit d’un travail commun sur des questions inquiétant les deux parties, notamment la migration, la sécurité alimentaire, le changement climatique et les questions énergétiques qui y sont liées.

Ainsi, le co-président de RenewPAC, Jan-Christoph Oetjen, insiste, dans une déclaration à TelQuel, sur la nécessité de “trouver une entente, un chemin commun entre les deux continents. Pour cette raison, il est important de se retrouver, de discuter, de parler, parce que ce n’est qu’en parlant qu’on trouve des solutions”.

De leur côté, les politiciens africains ne cachent pas leur insatisfaction du niveau actuel des relations entre les deux continents, et appellent à redéfinir ces liens sur de nouvelles bases. Pour eux, le contexte actuel de crises ne fait que rappeler, encore une fois, la nécessité d’un partenariat gagnant-gagnant entre les deux rives de la Méditerranée.

Une Afrique vulnérable

Pour Hakima El Haite, présidente de l’Internationale libérale, “c’est un contexte que nous partageons. Il n’y a pas que l’Europe qui traverse des crises. Celles-ci ont des impacts sur le continent africain, notamment en matière d’énergie, de sécurité alimentaire et de fertilisants”.

Selon cette membre du Mouvement populaire (hôte de la conférence), “les décisions politiques européennes ont des conséquences énormes sur le présent et l’avenir du continent africain”.

Hakima El Haite, présidente de l’Internationale libérale, à Marrakech, le 5 décembre 2022.Crédit: MAP

“Nous sommes là pour dire aux Européens que n’importe quelle décision prise au niveau du Parlement européen peut affecter les Africains. Donc lorsqu’ils prennent des décisions, nous devrions être consultés pour trouver des moyens de travailler ensemble, dans le respect, dans la réciprocité et sur la base d’un partenariat gagnant-gagnant”, poursuit-elle.

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El Haite critique aussi une diminution des investissements européens dans les énergies fossiles africaines, au prétexte de l’Accord de Paris (signé lors de la COP 21 de Paris, en 2015) : “Les investisseurs européens ne veulent plus mettre de l’argent dans le gaz africain ou les énergies fossiles du continent. Ce n’est pas ça l’Accord de Paris. En fait, ce dernier insiste sur la transition énergétique qui va se faire au rythme de l’Afrique. Le continent compte aujourd’hui 600 millions d’habitants qui n’ont pas accès à l’électricité.”

“Nous sommes en train de reconstruire les bases de dialogue qui nous permettront de mettre en place une réelle stratégie Europe-Afrique que les Africains pourront s’approprier”, conclut-elle.

Liberté, libertés chéries

Appelant au réveil de l’Afrique, le président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Adama Bictogo, souligne l’importance d’accorder aux Africains la “liberté à laquelle ils aspirent”.

“Actuellement, l’Afrique est traversée par des secousses, par des mouvements parfois anticonstitutionnels et même par le terrorisme, autant d’éléments qui relèvent de la responsabilité de l’Afrique”, affirme-t-il à TelQuel. Et de préciser : “La liberté dont nous parlons, ce n’est pas que la liberté d’expression, mais c’est aussi celle de jouir de ses richesses, d’en tirer profit. Il s’agit aussi de la liberté d’éduquer sa jeunesse.” Le responsable ivoirien appelle à “revisiter les conventions entre les deux continents sur de nouvelles bases”.

“Aujourd’hui, l’Afrique ne doit plus juste servir de fournisseur en matière première, elle est appelée à valoriser cette dernière. Cela passe par l’industrialisation et la transformation de l’économie”, résume-t-il.