La Belgique est vieillissante, ça n’est pas une découverte, et le match de mercredi a confirmé que son niveau réel était encore incertain et qu’il lui faudrait sans doute plusieurs matchs pour lancer la machine.
Mais même si elle a beaucoup souffert au stade Ahmad Ben-Ali, la Belgique en est au moins partie avec trois points. Or, son principal rival supposé dans le groupe F, la Croatie, a été tenue en échec par le Maroc (0-0) et n’en a qu’un avant de se frotter aux coriaces Canadiens.
« On est moins forts qu’en 2018 », avait prévenu avant le match Eden Hazard, qui se souvient forcément du joueur sensationnel qu’il était alors et de l’équipe qui avait fini 3e en Russie après avoir espéré bien mieux.
Le début de match de mardi lui a donné raison, parfois dans des proportions très inquiétantes, quand le Canada poussait fort, pressait vigoureusement et mettait au supplice quelques vieilles jambes belges.
Les Diables alors manquaient d’air et il a fallu que Courtois leur en redonne un peu en repoussant le penalty moyennement tiré par Alphonso Davies (10e).
Le grand gardien belge a alors harangué le modeste contingent de supporters belges présent à Doha, pendant qu’en tribune, le grand absent Romelu Lukaku se cachait les yeux, désespéré par le début de match raté des siens et par le spectacle guère rassurant d’une première période totalement dominée et maîtrisée par les Canadiens.
Des stars peu lumineuses
Discret pour sa part, Kevin De Bruyne, manifestement furieux de la tournure des évènements, profitait de chaque arrêt de jeu pour râler sur à peu près tout le monde et l’affaire semblait vraiment mal emmanchée.
Mais après 40 minutes à haut rythme, les Canadiens ont eu besoin de souffler et ont laissé un peu plus d’espace aux Belges. Ils en ont profité: ouverture de Tobby Aldeirwereld dans la profondeur et but de Michy Batshuayi du gauche (44e).
La deuxième période a confirmé les qualités et les limites des « Canucks », toujours soutenus par des « Ouh ah Canada, say ouh ah Canada » sur l’air de « Ouh ah Cantona, say ouh ah Cantona », et toujours aussi maladroits dans les 20 derniers mètres.
Ils n’ont donc pas pu marquer et pour leur deuxième Coupe du monde après celle de 1986, ils attendent toujours leur premier but et leur premier point.
« Mes joueurs ont montré ce soir qu’on avait notre place ici », a tout de même relevé le sélectionneur des Nord-Américains John Herdman, « vraiment fier » de la performance des siens.
Son homologue Roberto Martinez l’était beaucoup moins mais il a trois points comme base de travail. Il a aussi constaté que Hazard, qui a montré pas mal de bonnes choses dans la protection de balle et la gestion du jeu, n’avait que 60 minutes d’autonomie pour l’instant et que Batshuayi ne valait pas Lukaku dans le jeu en pivot.
Mais avec ce succès, le temps joue pour lui. « On doit faire notre autocritique, analyser ce match et progresser, mais faire ça avec trois points, quand je vois ce qui s’est passé dans le reste du tournoi, c’est important », a-t-il relevé. Effectivement, tout le monde ne peut pas en dire autant.