Global Money Week : 10 ans d’existence et près de 2 millions de bénéficiaires depuis 2012

Mercredi 16 novembre, à Rabat, la Fondation marocaine pour l’éducation financière (FMEF) a célébré le dixième anniversaire de la Global Money Week.

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Le gouverneur de Bank Al-Maghrib, président de la Fondation marocaine pour l'éducation financière, lors de la célébration du 10e anniversaire de la Global Money Week, mercredi 16 novembre à Rabat. Crédit: FMEF

Présidé par Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib et président de la Fondation marocaine pour l’éducation financière (FMEF), l’événement a été l’occasion pour les différents acteurs du secteur de revenir sur l’importance de l’éducation financière au Maroc, mais aussi de retracer les réalisations de la Global Money Week depuis son lancement.

“Solidarité, inclusion, innovation, agilité”

Lors de son allocution d’ouverture, Abdellatif Jouahri a indiqué que plus 2 millions d’enfants et de jeunes avaient pu bénéficier du programme de la Global Money Week. Ainsi, évoquant les enquêtes de Standard & Poor’s ou encore l’enquête PISA 2018, le gouverneur a fait savoir qu’un élève sur 4, et 1 sur 7 dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), s’avérait incapable de prendre des décisions liées à ses dépenses quotidiennes.

Seuls 10 % atteignent le plus haut niveau de connaissance financière dans les pays de l’OCDE, et même si un adolescent sur 2 détient un compte dans une institution financière ou une carte de paiement, 1 sur 3 seulement possède les compétences nécessaires pour interpréter un relevé bancaire.

Fatima-Zahra Aziz, directrice exécutive de la FMEF, Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib et président de la FMEF, et Chakib Benmoussa, ministre de l’Éducation nationale, lors de la célébration du 10e anniversaire de la Global Money Week, mercredi 16 novembre à Rabat.Crédit: FMEF

L’allocution d’ouverture du wali de BAM a également été l’occasion de relever que dès son premier plan stratégique 2014-2018, la fondation a identifié les enfants et les jeunes comme cible prioritaire et permanente de ses programmes, vu que toutes les études s’accordent sur la nécessité d’entamer cette initiation dès le plus jeune âge, afin d’ancrer les bons réflexes et les comportements sains.

Pour Jouahri, l’orientation stratégique de la FMEF s’articule autour de quatre mots d’ordre : “solidarité, inclusion, innovation, agilité”. Bien que satisfait des actions de la fondation et des premiers résultats des campagnes menées, il considère que les résultats sont certes encourageants, mais demeurent insuffisants compte tenu de l’étendue et de l’importance des besoins en aptitude financière au Maroc.

L’éducation financière dès le primaire

Lors de son allocution, le ministre de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports, Chakib Benmoussa, a rappelé que la Global Money Week permettait de faire découvrir le monde de la finance aux apprenants des trois cycles d’enseignement, à travers la vulgarisation des principaux concepts financiers de base.

“En 2012, notre partenariat avec la fondation a permis à 30.000 élèves de l’enseignement public et privé de participer à la première édition des Journées de la finance pour les enfants et les jeunes”, a-t-il affirmé, précisant que plus de 553.000 élèves couvrant les 12 académies régionales de l’éducation avaient pris part à cette 10e édition de la Global Money Week, “dont près de 2000 élèves à besoins spécifiques, et avec une participation de plus de 50 % de filles, et plus de 40 % de participants issus du monde rural”.

Le ministre a également relevé que compte tenu des réalisations de ces Journées de la finance, le ministère de l’Éducation avait intégré l’éducation financière, fiscale et entrepreneuriale dans les activités de développement des compétences de vie, dès le cycle primaire.

Afin d’atteindre les objectifs pédagogiques visés à travers ce projet et profiter à tous les élèves, Benmoussa a précisé que le ministère avait élaboré un guide pédagogique dédié, en arabe et en français, pour les six niveaux de l’enseignement primaire.

La secrétaire exécutive du Réseau international d’éducation financière, Flore-Anne Messy, a quant à elle souligné l’importance de la mise en œuvre de stratégies nationales pour la culture financière, afin d’assurer une approche durable qui reconnaît l’importance de la culture financière. Elle a également souligné que les habitudes prises dans l’enfance avaient un impact sur les résultats financiers à l’âge adulte, notant que l’éducation financière pouvait aussi combler les écarts socio-économiques.

FMEF : une institution dédiée à l’éducation financière

Dans un entretien accordé en marge de la cérémonie, la directrice exécutive de la FMEF, Fatima-Zahra Aziz, revient sur les principales actions menées par la fondation, ainsi que sur les perspectives à venir.

Après près de 10 ans d’existence, quelles évolutions grâce aux programmes d’éducation financière mis en place par la FMEF ?

Les premiers retours et les évaluations à chaud recueillies à l’issue des différents programmes auprès des jeunes bénéficiaires montrent une satisfaction par rapport au contenu déployé. Le baromètre de mesure des aptitudes financières, mis en place par Bank Al-Maghrib, permettra une meilleure appréciation des niveaux de la capacité financière des différentes cibles, notamment les jeunes. Les premiers résultats de ce baromètre sont prévus pour le premier semestre 2023.

Quelles sont les ambitions de la fondation pour les années à venir ?

Tout en capitalisant sur les réalisations de l’éducation financière pour les enfants et les jeunes, la fondation compte élargir ses actions à des segments de jeunes qui n’ont pour l’instant pas été touchés par le programme. Nous allons donc poursuivre l’intégration de l’éducation financière dans les curricula, en partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale, et nous allons l’élargir à partir de 2024 au collège-lycée.

Un deuxième chantier est en cours de développement : l’éducation financière pour les jeunes universitaires. Il est important que tout jeune universitaire soit doté, à la sortie de son cursus supérieur, de premières compétences financières afin d’intégrer le monde professionnel en ayant les bases pour bien gérer ses finances. On pense notamment à la planification et gestion budgétaire, à l’épargne, au choix et à l’utilisation responsable et avisée des moyens de paiement, ainsi qu’à la prémunition contre les risques qu’il peut rencontrer à cette étape de vie.

Le troisième chantier concerne le renforcement des programmes d’éducation financière pour les jeunes porteurs de projets. Si des programmes existent déjà, nous souhaitons aujourd’hui passer à la vitesse supérieure en accompagnant ces jeunes dans le développement leurs compétences financières pour les aider à réussir à mettre en place leur activité entrepreneuriale et la pérenniser.

Le mot “jeu” est revenu plusieurs fois lors des différentes interventions durant la cérémonie, est-ce une nouvelle approche d’apprentissage ?

Pour les jeunes, un travail de compréhension des besoins et des attentes est nécessaire, surtout concernant les canaux, les axes et les formats de communication. Pour la fondation, vu la connectivité des jeunes, le digital reste le canal privilégié et le jeu est un des moyens pour adresser ce segment de la population d’une manière attractive, intéressante et ludique, dépassant l’apprentissage selon les méthodes classiques.