Dans un discours, il a annoncé avoir signé un décret acceptant la démission du gouvernement, ce qui risque d’aggraver l’impasse politique dans le pays en plein effondrement économique.
Le Premier ministre Najib Mikati avait démissionné à l’issue des législatives du printemps dernier et avait été de nouveau choisi par les députés pour former un gouvernement.
“Ce matin, j’ai signé le décret considérant le gouvernement démissionnaire”, a annoncé le président.
La décision du chef de l’État, un chrétien maronite selon le partage de pouvoir communautaire dans le pays, intervient dans le cadre de son bras de fer avec le Premier ministre, un musulman sunnite, qui empêche la formation d’un nouveau gouvernement.
Mais selon les experts, sa décision n’aura pas de véritable impact sur l’action du gouvernement de Mikati, chargé d’expédier les affaires courantes.
Le poste de chef d’État désormais vacant
Le mandat de six ans de Michel Aoun s’achève lundi sans que les députés soient parvenus à élire son successeur en raison de leurs divergences politiques.
Des milliers de fidèles du chef de l’État, fondateur du Courant patriotique libre (CPL), allié au Hezbollah pro-iranien, avaient afflué au palais présidentiel à Baabda.
“Nous sommes venus escorter le président à la fin de son mandat, pour lui dire que nous sommes avec lui et que nous poursuivrons la lutte à ses côtés”, a affirmé Joumana Nahed, une institutrice.
Le Parlement s’est déjà réuni à quatre reprises depuis un mois en vain, ni le camp du Hezbollah musulman chiite, le puissant mouvement armé qui domine la vie politique au Liban, ni celui de ses opposants ne disposant d’une claire majorité pour imposer un candidat.
Brandissant des portraits du président Aoun, 87 ans, habillés pour beaucoup en orange, la couleur du CPL, des dizaines de partisans de l’ancien commandant en chef de l’armée, qu’ils surnomment “général”, ont passé la nuit dans des tentes aux abords du palais présidentiel.
Parmi eux, Nabil Rahbani, 59, souligne qu’il a déjà campé aux abords du palais présidentiel une première fois “entre 1989 et 1990, avant que l’aviation syrienne déloge le général du palais de Baabda”.
À la fin de la guerre civile, des milliers de partisans de Michel Aoun, alors chef d’un gouvernement de militaires et qui refusait de remettre le pouvoir à un président élu, avaient campé aux abords du palais pour le soutenir, avant qu’il en soit délogé par une opération militaire syrienne en octobre 1990.
Le mandat de Michel Aoun a été marqué par l’effondrement économique, une explosion qui a ravagé Beyrouth et un soulèvement populaire inédit.