Une source proche du Maroc a expliqué la suspension du “laissez-passer consulaire” délivré le 1er août par le Maroc à l’imam Hassan Iquioussen par le fait qu’il “n’y avait pas eu de concertations avec les autorités marocaines”, au lendemain de la décision du Conseil d’État ouvrant la voie à son expulsion. La décision d’expulsion est “unilatérale”, a-t-on ajouté.
Dans l’entourage du ministre de l’Intérieur, on a rappelé que la validité d’un laissez-passer était de “60 jours”, soulignant qu’il serait “incompréhensible que ce document qui n’a d’autre fonction que d’officialiser la reconnaissance par le Maroc de la nationalité de M. Iquioussen soit suspendu”. “Comment peut-on reconnaître la nationalité d’un de ses ressortissants un jour et ne plus la reconnaître le lendemain ?”, s’est étonné l’entourage de Gérald Darmanin.
Face à ce blocage de Rabat, une autre source proche du dossier a évoqué une éventuelle réunion entre Darmanin et les autorités marocaines en fin de journée.
Le Conseil d’État avait donné son feu vert mardi à l’expulsion de l’imam Hassan Iquioussen dont le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin avait fait ces dernières semaines un symbole de la lutte du gouvernement contre les “discours séparatistes”.
Désavouant le tribunal administratif de Paris, qui avait suspendu en urgence le 5 août l’expulsion de cet imam réputé proche des Frères musulmans, la plus haute juridiction administrative française a estimé que cette décision de l’expulser vers le Maroc ne constituait pas “une atteinte grave et manifestement illégale à (sa) vie privée et familiale”.
Né en France, Hassan Iquioussen n’avait pas opté pour la nationalité française à sa majorité, prenant la nationalité marocaine de ses parents. Âgé de 58 ans, il réside régulièrement en France. Il a cinq enfants et 15 petits-enfants, tous Français.
Inscrit au fichier des personnes recherchées
Dans un tweet publié mardi juste avant le communiqué du Conseil d’État, le ministre de l’Intérieur avait qualifié cette décision de “grande victoire pour la République”.
“Il sera expulsé du territoire national. Dès son interpellation, il sera placé en centre de rétention administratif”, avait indiqué Darmanin en début de soirée, depuis le perron de son ministère, précisant que “depuis 2017, 786 étrangers radicalisés avaient été expulsés” et que “74 d’entre eux” l’ont été au cours “des derniers mois”.
Mais en début de soirée, les policiers venus l’interpeller à son domicile, à Lourches, près de Valenciennes (Nord) ne l’ont pas trouvé, selon une source proche du dossier. Considéré comme en fuite, il est désormais inscrit au fichier des personnes recherchées (FPR), a-t-on ajouté de même source. Selon le préfet des Hauts-de-France, il est susceptible d’avoir pris la fuite en Belgique.
(avec AFP)