Décès de María Rosa de Madariaga, historienne espagnole spécialiste du Rif

L’historienne espagnole María Rosa de Madariaga Álvarez-Prida n’est plus. L’experte dans les relations maroco-espagnoles, notamment du Rif durant la période du protectorat espagnol (1912-1956), est décédée à Madrid à l’âge de 85 ans.

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María Rosa de Madariaga, historienne espagnole, spécialisée dans l'étude des relations entre le Maroc et l'Espagne durant la période du protectorat. Crédit: Capture d'écran / Youtube

Historienne spécialisée dans les relations entre le Maroc et l’Espagne pendant le protectorat, María Rosa de Madariaga était la nièce du diplomate et écrivain Salvador de Madariaga. Après avoir étudié à l’université Complutense de Madrid, elle commence son parcours en Europe, notamment aux Pays-Bas et à Londres, où elle s’est fait une grande réputation.

Traductrice pour différentes entités des Nations Unies, en particulier pour l’Unesco à Paris, elle est l’auteure de livres tels que Les Maures qu’avait emmenés Franco (2015), Le Maroc, ce grand inconnu. Brève histoire du protectorat espagnol (2013), Abdelkrim el-Khattabi (2009), Dans le ravin du loup — Les guerres du Maroc (2005) et L’Espagne et le Rif : chronique d’une histoire presque oubliée (1999).

Colonisation espagnole, un épisode douloureux

Pour la diplômée de l’Institut national des langues et civilisations orientales à Paris, le protectorat a été une période tragique pour l’Espagne. Le pays avait connu “des épisodes douloureux”, déclarait l’historienne dans une interview accordée à l’agence de presse espagnole (EFE) en 2013, comme la Bataille du Ravin-Aux-Loups (Barranco del Lobo), ou la célèbre Bataille d’Anoual, en 1921, soldée par la défaite retentissante de l’armée espagnole dirigée par le général Manuel Fernández Silvestre, contre les troupes du chef rifain Abdelkrim el-Khattabi (1882-1963).

Selon Madariaga, la bataille aurait coûté la vie à plus de 15.000 soldats espagnols, “provoquant un grand émoi en Espagne”. Le bilan de cette période “ne pouvait pas être plus négatif”.

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Faire revivre une mémoire collective

Selon EFE, l’historienne a toujours essayé de “faire revivre” dans la mémoire collective espagnole ce que la relation entre l’Espagne et le Rif a signifié pour le pays, depuis la colonisation, l’exploitation minière et agricole, et jusqu’à la résistance amazighe contre l’occupation espagnole.

Elle estimait qu’il était “fondamental” que les relations entre l’Espagne et le Maroc soient fondées sur la connaissance mutuelle et sur une soif d’apprendre “toujours plus grande”, condition indispensable à la tolérance et au respect dont les pays voisins ont besoin.

(avec EFE)