Officiellement, le Maroc est passé sous protectorat en 1912.
Pourtant, son sort était décidé bien avant. Les puissances européennes, réunies à Madrid en 1880, avaient posé les bases d’un régime international au Maroc, sur fond d’expansion coloniale. Mais comme le sort du restant des territoires n’était pas encore scellé, il fallait les attribuer.
Le Maroc était au centre des appétits de la France, de l’Espagne, de la Grande-Bretagne, et de l’Allemagne, sollicitée par le sultan Moulay Abdelaziz, d’où la visite du kaiser Guillaume II à Tanger le 31 mars 1905. Cette visite a failli être à l’origine d’une guerre entre Européens. Les États-Unis ont préféré rester à l’écart, laissant aux Européens la possibilité de s’arranger entre eux.
Une autre conférence était indispensable pour départager les empires coloniaux donc. Ce sera le 16 janvier 1906, à Algésiras, à un jet de pierre de Tanger, où la question marocaine est à l’ordre du jour. En présence des représentants du sultan, la carte du Maroc est remodelée et sa souveraineté déposée entre les mains de la France et de l’Espagne, censées exercer un protectorat sur leurs zones d’influence respectives.
C’est à la zone Nord que s’est intéressé Mimoun Aziza pour sa thèse de doctorat, soutenue en 1994 à Paris 8. L’Espagne n’était plus la puissance coloniale qui a saigné l’Amérique Latine, exterminé des civilisations entières, raflé le moindre gramme d’or ou d’argent qui circulait.
«الريف زمن الحماية الإسبانية»
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L’Espagne n’est plus ce qu’elle était
Dès le 18e siècle, l’Espagne n’a plus les moyens de ses aspirations. Elle-même est devenue un objet des appétits coloniaux, et Napoléon est le premier à avoir tenté l’expérience dès le début du 19e siècle. Les territoires d’Amérique Latine sont déjà indépendants, privant l’empire ibère de richesses inestimables.
L’Espagne se sentait donc légitime d’avoir sa part du gâteau au Maroc, s’appuyant sur un passé commun historique, et sur une situation interne compliquée. A-t-elle les moyens de gérer un territoire sous protectorat, c’est-à-dire gérer en finançant les infrastructures, les hôpitaux, les écoles ?
Les ressources limitées de l’Espagne étaient un obstacle majeur au développement de la zone Nord, qu’elle était censée administrer. L’élite espagnole n’était pas favorable à une expansion qui demandait énormément de moyens dont était dépourvu leur pays.
C’est d’ailleurs la raison pour laquelle certains chercheurs parlent de “colonialisme marginal” ou de “colonialisme des pauvres”. L’état du Rif à l’indépendance était loin de ressembler au reste du pays, sous influence française.
L’auteur de cette thèse de doctorat, Mimoun Aziza, s’est efforcé, sur un sujet délicat et fort peu étudié, de mettre la lumière sur certains des aspects du colonialisme espagnol dans la zone Nord, et ose des comparaisons avec son parallèle français dans les autres régions du Maroc, où la France semblait moins en difficulté.
Cette thèse a d’abord été traduite en Espagne, où elle a suscité l’intérêt des chercheurs et des historiens ibères qui souhaitaient avoir une version de l’histoire côté colonisé, puis en arabe par Mohamed Hatimi et Jamal Haïmer.
Ce qui donne une version riche fortement documentée. Quant aux références et sources, la bibliographie à la base de ce travail de mémoire est impressionnante, par le nombre et par la qualité des ouvrages et recherches consultés.
Le Rif au temps du protectorat espagnol, de Mimoun Aziza, version arabe, éditions La Croisée des chemins (2021).
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