Ihsane El Kadi a été condamné aujourd’hui par le tribunal Sidi M’hamed à Alger à six mois ferme et 50.000 dinars (322 euros) d’amende », a déclaré à l’AFP Said Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH). Salhi a précisé que le verdict n’a pas été assorti d’un mandat de dépôt et que El Kadi reste en liberté.
« Une condamnation de trop alors que nous avons déjà plusieurs journalistes en prison ou sous le coup de poursuites judiciaires. Pourtant, le délit de presse a été abrogé », s’est insurgé Salhi. « Le pouvoir doit changer de cap, le journalisme n’est ni un délit, ni encore un crime », a ajouté ce militant des droits de l’Homme.
El Kadi a confirmé cette peine sur Twitter, regrettant d’avoir été condamné « pour un article d’analyse sur plainte du ministre de la Communication Amar Belhimer sur des chefs d’accusation pour lesquels il n’a pas qualité de plaignant ». « Sentiment de colère et de tristesse. Contraint d’aller en appel« , a-t-il ajouté.
Condamné à 6 mois de prison ferme sans mandat de dépôt pour un article d’analyse sur plainte du ministre de la communication Amar Belhimer sur des chefs d’accusation pour lesquels il n a pas qualité de plaignant.Sentiment de colère et de tristesse. Contraint d’aller en appel. pic.twitter.com/2W4GdmljCe
— El kadi Ihsane (@ElkadiIhsane) June 7, 2022
Le journaliste a en effet été jugé à la suite d’une plainte de l’ancien ministre de la Communication Amar Belhimer pour un article publié sur le site de Radio M sur le mouvement islamiste Rachad et les protestations prodémocratie du Hirak.
Basé à l’étranger, le mouvement Rachad est classé comme organisation terroriste depuis mai 2021 par les autorités algériennes.
Selon les médias locaux, El Kadi était accusé de « diffusion de fausses informations à même de porter atteinte à l’unité nationale », et « réouverture du dossier de la tragédie nationale » des années 1990. Ce dernier chef d’accusation est passible de jusqu’à cinq ans de prison en vertu de la « Charte pour la paix et la réconciliation », censée tourner la page de la guerre civile de la « décennie noire » (1992-2002).
L’Algérie figure à la 134e place (sur 180) du classement mondial de la liberté de la presse 2022 établi par RSF.