Algérie : un tribunal dissout une ONG phare du Hirak

Le tribunal administratif d'Alger a prononcé mercredi la dissolution du Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ), une ONG qui avait été aux premiers rangs du mouvement pro-démocratie Hirak, a appris l'AFP auprès de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH).

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Des militants du Hirak dans les rues d'Alger, le 26 février 2021. Crédit: AFP

Le tribunal administratif prononce la dissolution de RAJ. C’est scandaleux”, a déploré auprès de l’AFP Said Salhi, vice-président de la LADDH.

“Halte aux attaques contre les acquis démocratiques du peuple algérien, payés au prix du sacrifice ultime”, a ajouté M. Salhi, qui a exprimé la solidarité” de la LADDH avec les militants de RAJ.

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Cette décision fait suite à une requête du ministère de l’Intérieur réclamant la dissolution de RAJ, qui existe depuis 28 ans. Il lui était reproché “d’agir en violation de la loi sur les associations et en contradiction avec les objectifs énumérés dans les statuts”.

Dans un communiqué publié fin septembre, RAJ avait rejeté ces accusations “basées essentiellement sur les activités publiques de l’association durant le Hirak”. L’ONG avait au contraire qualifié ses diverses actions de “compatibles” avec “son mandat d’association oeuvrant à la promotion de l’implication des jeunes dans la gestion de la cité”.

9 membres emprisonnés

Plusieurs membres de RAJ, notamment son président Abdelouahab Fersaoui, âgé de 39 ans, ont fait l’objet de poursuites judiciaires et jusqu’à neuf d’entre eux ont été incarcérés.

Condamné à un an de prison pour “atteinte à l’intégrité du territoire national”, M. Fersaoui a purgé six mois de prison entre fin 2919 et mai 2020, qui ont correspondu à la peine prononcée en appel.

La LADDH “appelle au respect du droit et des libertés d’association et d’organisation, pierre angulaire de toute démocratie”, a souligné M. Salhi.

La loi algérienne encadrant le travail des associations, promulguée en 2012, soumet leur création à la délivrance préalable d’un agrément par les autorités.

Cette loi avait été approuvée dans le cadre de réformes politiques du président Abdelaziz Bouteflika, récemment décédé, pour couper court à toute contagion du Printemps arabe en 2011.

L’opposition et les militants des droits de l’Homme avaient alors dénoncé un texte renforçant, selon eux, l’hégémonie étatique sur la société civile.