Déménagement définitif du SIEL à Rabat : “La décision n’est pas encore prise”, annonce Mehdi Bensaid

Lors d’une conférence de presse dédiée à la 27e édition du Salon international de l’édition et du livre (SIEL), qui aura lieu du 2 au 12 juin à Rabat, la question épineuse du déménagement définitif du salon à Rabat s’est invitée sur la table. Éléments de réponse du ministre de la Culture, Mehdi Bensaid.

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Le ministre de la Culture Mehdi Bensaid au Salon international de l'édition et du livre (SIEL), le 27 mai 2022 à Rabat. Crédit: Rachid Tniouni / TelQuel

Le Salon international de l’édition et du livre (SIEL) pourrait-il s’installer définitivement à Rabat ? Cette hypothèse ne serait pas exclue, selon ce qu’a laissé entendre le ministre de la Culture Mehdi Bensaid, lors d’une conférence de presse tenue ce vendredi 27 mai à la Bibliothèque nationale du royaume.

En novembre 2021, l’annonce tombait comme un couperet pour les professionnels du livre, ainsi que pour les Casablancais : après deux ans d’absence, le plus grand rendez-vous littéraire du royaume, traditionnellement tenu à Casablanca depuis sa création en 1987, revenait sur les devants de la scène culturelle pour une 27e édition. Avec deux changements notables : une édition estivale au mois de juin, et un déménagement dit temporaire à Rabat. La raison ? “Le site de l’OFEC qui accueille cet événement a été transformé en hôpital de proximité pour faire face à la pandémie du Covid-19”, expliquait alors le ministre.

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Mehdi Bensaid avait également indiqué que ce changement coïncidait avec la désignation de Rabat en tant que Capitale africaine de la culture par l’organisation panafricaine Cités et gouvernement locaux unis (CGLU). “Le Salon retrouvera son emplacement d’origine à Casablanca en 2023”, assurait-il.

Une édition à 20 millions de dirhams

Près de six mois plus tard, et à seulement une semaine du début de la 27e édition qui aura lieu du 2 au 12 juin à l’OLM Souissi, le constat est toujours le même. Si le détail de la programmation ainsi que des installations mises en place pour cette édition rbatie ont été dévoilés lors de ce point de presse, Mehdi Bensaid a également été confronté aux interrogations que suscite l’installation du salon à Rabat. L’occasion pour lui de revenir sur les principales raisons qui ont conduit au déménagement à Rabat : “Il y a d’abord la volonté de Sa Majesté de faire de Rabat la capitale culturelle du royaume. L’ISESCO a également remis à la ville le titre de Capitale de la culture du monde islamique pour l’année 2022.

De son côté, la direction de la région Rabat-Salé-Kénitra, présidée par Rachid El Abdi (également élu du PAM), se serait immédiatement manifestée auprès du ministère, proposant d’accueillir le salon. Le ministère aurait d’abord penché vers Casablanca, mais les élus n’auraient pas été suffisamment réactifs. Par ailleurs, la ville d’El Jadida avait également été considérée comme une éventualité pour le SIEL 2022. “Rabat a répondu plus rapidement que les autres, et avec des moyens”, a déclaré le ministre.

Latifa Mouftakir, commissaire du SIEL, le ministre Mehdi Bensaid, et l’éditeur Abdelkader Retnani.Crédit: Rachid Tniouni/TelQuel

Devenue partenaire officielle du SIEL 2022, la région Rabat-Salé-Kénitra a contribué à l’organisation de l’événement à hauteur de 8 millions de dirhams. Pour rappel, le ministre annonçait en novembre 2021 qu’il estimait que le budget de 12 millions de dirhams alloué par le Projet de loi de finances (PLF) à l’organisation du salon était insuffisant. Le budget total de cette édition avoisine donc les 20 millions de dirhams.

Également présent à ce point de presse, durant lequel s’est déroulée la signature d’une convention-cadre entre le ministère et la région Rabat-Salé-Kénitra, Rachid El Abdi a tenu à exprimer ses remerciements au ministre de la Culture pour sa confiance et sa collaboration, tout en insistant sur “l’occasion que représente la signature de cette convention, la première entre le ministère et la région, de renforcer les relations entre ces deux institutions”. Et d’ajouter : “Nous n’avons pas simplement accueilli le SIEL à Rabat, nous avons activement participé à l’organisation de cette édition.

Reviendra, reviendra pas ?

Une collaboration qui devrait se perpétuer lors des prochaines éditions ? “La décision n’est pas encore prise”, a déclaré le ministre, en réponse aux diverses questions des journalistes présents sur l’installation définitive du SIEL à Rabat. “La délocalisation du SIEL cette année n’est pas une sanction contre Casablanca”, a également tenu à préciser Bensaid.

“Il y a 12 régions, et celle de Rabat a été la seule à jouer le jeu de la culture”

Abdelkader Retnani, éditeur

Il y a 12 régions, et celle de Rabat a été la seule à jouer le jeu de la culture”, a déclaré à son tour Abdelkader Retnani, fondateur des éditions La Croisée des chemins et président de l’Association marocaine des professionnels du livre. “D’une part, nos élus et représentants (casablancais, ndlr) n’ont pas répondu à l’appel, et c’est avec une grande tristesse que l’on constate qu’il n’existe pas de parc d’exposition à Casablanca capable d’accueillir l’événement”, a concédé l’éditeur, pourtant très attaché à l’ADN casablancais du salon. Lui n’a pas manqué de se positionner contre l’installation définitive du salon à Rabat : “Le SIEL devrait revenir à Casablanca pour sa 28e édition, et rien n’empêche de créer un autre salon du livre, d’une envergure tout aussi importante, à Rabat”, a-t-il suggéré.

De son côté, le ministre Mehdi Bensaid a assuré que la décision de la ville qui accueillera la prochaine édition du SIEL serait prise rapidement : “Il faut aussi attendre de voir comment se déroulera cette édition à Rabat avant de prendre une décision quant à l’installation finale du SIEL. Cette décision sera prise très vite, puisque la prochaine édition aura lieu en février 2023”, a ajouté le ministre, tout en précisant que ce choix “ne relève pas exclusivement du ministère de la Culture”, mais d’un ensemble de partenaires et de la volonté royale de faire de Rabat la capitale culturelle.

Ce qui est sûr, c’est qu’avant de prendre une décision, nous sonderons l’ensemble de nos partenaires, les professionnels du milieu, dont les éditeurs”, a déclaré Mehdi Bensaid.