Présentée au Congrès des députés le 24 mars dernier par le groupe parlementaire pluriel (grupo parlamentario plural), qui rassemble plusieurs partis, cette initiative vise à clarifier “ces événements du début du siècle dernier dans la région du Rif”, a expliqué la députée Mariona Illamola Dausá (parti Junts per Catalunya).
Selon la parlementaire, de nombreuses études prouvent que, durant la Guerre du Rif (1921-1927), les forces espagnoles et françaises ont utilisé des agents chimiques contre des cibles militaires, mais aussi touché la population civile, “répandant du gaz moutarde depuis des avions”.
La députée a rappelé que ces agents chimiques avaient d’abord été achetés en Allemagne, avant d’être produits à “La Marañosa”, une usine située près de Madrid, construite sur la base d’un accord entre l’Espagne, l’Allemagne et l’Union soviétique, écrit El Faro de Melilla.
Selon la représentante du groupe parlementaire pluriel, les recherches montrent que les attaques continues de l’Espagne et de la France au gaz moutarde et autres agents chimiques ont causé des pertes militaires et civiles, mais également des cas de cécité, de maladies respiratoires ou encore des problèmes de production agricole et d’élevage “à long terme”.
Els detractors, el més suau q ens han dit és q volem perjudicar la imatge de Ñ, q els bombardejos són fets de fa 100 anys i q la cooperació al desenvolupament mira al futur pic.twitter.com/YyYqgmYm1l
— Mariona Illamola Dausà 🎗 (@MarionaID) May 19, 2022
Les descendants des victimes directes subiraient encore les effets de ces armes chimiques, Mariona Illamola Dausá citant dans ce sens une étude qui souligne que 80 % des adultes et 50 % des enfants atteints de cancer traités à l’hôpital d’oncologie de Rabat sont originaires de la région du Rif.
Hem defensat 👇🏽proposta que només demana q s’investigui si hi ha relació entre l’ús d’armes químiques i l’elevat nombre de casos de càncer a la zona del Rif i si és així, que es compensi a aquesta regió pic.twitter.com/pf2FC1ETEP
— Mariona Illamola Dausà 🎗 (@MarionaID) May 19, 2022
Une proposition “non législative”
Ce n’est pas la première fois que l’épisode de la guerre du Rif refait surface. En décembre 2016, sous le mandat de Mariano Rajoy, la Gauche républicaine catalane (ERC) avait présenté une proposition de loi portant “reconnaissance de toutes les victimes de la dictature et la récupération de la mémoire historique”.
La reconnaissance par l’État espagnol de sa responsabilité dans le recours aux armes chimiques contre les Rifains a été réclamée par le même parti en 2021 à l’occasion de l’examen du projet de loi sur la mémoire démocratique, demandant l’introduction d’amendements concernant “la reconnaissance des responsabilités de l’État espagnol et la réparation des dommages résultant de l’utilisation d’armes chimiques dans le Rif”.
À noter qu’en Espagne, la loi d’Amnistie de 1977 empêche chercheurs, avocats et juges d’examiner le passé du pays, notamment l’époque de la guerre civile et les quatre décennies du régime dictatorial de Francisco Franco.