Des associations de Nador se mobilisent pour les descendants des victimes de gaz toxiques dans le Rif ont développé des cancers dans cette zone du Maroc. « Nous organisons un sit-in le samedi 7 février devant le complexe culturel à Nador. Nous allons recueillir quelques signatures pour une pétition que nous allons présenter au ministre de la Santé et dans laquelle nous demandons la construction d’un hôpital d’oncologie à Nador, à proximité des malades », explique à Telquel.ma Rachid Raha, président de l’Assemblée mondiale amazighe (AMA), une des associations qui participent à la manifestation, conjointement avec l’Association Amezyan, l’Association de défense des victimes du gaz toxique dans le Rif, et le journal Le Monde Amazigh.
Pour le responsable de l’AMA, les malades du cancer, qui sont « pour la plupart des descendants des victimes de la guerre du Rif« , sont obligés de faire le voyage jusqu’à Rabat afin de se faire soigner et doivent composer avec toutes les difficultés qui vont avec. « Ils souffrent à Rabat en matière de logement et des médicaments. On les oblige souvent à aller se faire soigner dans des cliniques privées », nous indique Rachid Raha.
Des lettres au roi d’Espagne et au président français
A l’occasion de ce sit-in, les associations comptent rédiger deux lettres qu’ils souhaitent envoyer à Felipe VI, le roi d’Espagne, et à François Hollande, le chef d’État français, afin qu’ils « reconnaissent ces crimes contre l’humanité et accepte une certaine forme de réparation sous forme d’infrastructures médicales et autres œuvres pour la région », indique Rachid Raha.
Il ajoute que ces deux pays avaient fait montre « d’une complicité manifeste » lors de la guerre et sont responsables de l’utilisation des gaz chimiques sur la population du Rif. Les lettres de l’AMA demanderont donc la construction d’un hôpital d’oncologie dans la région de Nador. Et pour cause, « c’est la zone la plus touchée par le cancer à travers tous le pays », précise Rachid Raha.
50% des enfants souffrants de cancer seraient originaires du Rif
Les conséquences désastreuses de la guerre, qui s’est déroulée entre 1924 et 1927, ont d’ailleurs fait l’objet d’un ouvrage du professeur Mimoun Charqi, intitulé Armes chimiques de destruction massive sur le Rif et relayé mardi 3 février par le quotidien espagnol El Pais. Cet ouvrage confirme que la cause de l’explosion du nombre de cancers dans le Rif est bien le lancement d’une centaine de bombe C-5, ordonné par un commandant espagnol le 22 mars 1925 à la frontière de Larbaa Taourirt. Une guerre pendant laquelle « l’aviation de l’armée espagnole a fait usage pour la première fois dans le monde du gaz moutarde ». 90 ans après, les produits contenus dans ces bombes continuent de causer des dommages aux descendants des milliers de victimes de cette guerre.
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Selon l’auteur, qui a collecté une demi-douzaine de travaux scientifiques d’experts de plusieurs pays, presque 80% des adultes et 50% des enfants souffrant d’un cancer et qui se font encore soigner aujourd’hui à l’hôpital d’oncologie de Rabat proviennent de la même zone du Rif.
Salam wa aleikoum,
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