Comment l’inflation a-t-elle évolué au Maroc depuis vingt ans ?

Dans une note adressée aux médias ce 24 mars, le Haut-commissariat au plan (HCP) a dressé l’évolution de l’inflation au Maroc ces vingt dernières années. Selon le HCP, et comme en 2021, le royaume vivrait en 2022 le plus haut taux d’inflation enregistré cette dernière décennie.

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Un supermarché en mars 2020. Crédit: Yassine Toumi / TelQuel

A l’international, pour l’année 2021, l’inflation a connu un rebond marqué. Les perspectives de l’année 2022 quant à l’évolution des prix sont entourées de risques haussiers, liés notamment à la persistance de goulots d’étranglement dans les chaînes d’approvisionnement, à la hausse des prix du baril de pétrole avec un niveau de 140 dollars le baril, proche de son record absolu de 2008, et aux tensions géopolitiques, notamment la crise en Ukraine. Sur le plan national, la sécheresse pourrait encore accentuer la hausse des prix, surtout celle des produits alimentaires.

Au Maroc, l’évolution de l’indice des prix à la consommation (IPC) durant les 20 dernières années montre une tendance relativement modérée de la hausse des prix. En effet, l’IPC a évolué en dessous de la barre de 2,0 % sauf pour les années 2002, 2006 et 2008 respectivement de 2,8 %, 3,3 % et 3,9 %.

La hausse des prix a commencé en 2010

Durant la période 2010-2021, les hausses moyennes annuelles les plus marquées ont été constatées au niveau des prix des boissons alcoolisées et du tabac de 4,0 % (avec 3,5 % en 2021). Les prix de l’enseignement ont aussi augmenté, enregistrant des hausses moyennes de 3,1 % (avec 1,6 % en 2021).

Le transport a, de son côté, enregistré un niveau record de 5,9 % en 2021. Quant aux produits alimentaires et boissons non alcoolisées, ils ont connu une légère augmentation de prix de 1,0 % durant la dernière décennie.

Variation moyenne de l’IPC au Maroc durant la période 2010-2021Crédit: HCP

En février 2022, l’IPC a enregistré une hausse record de 3,6 %, une hausse essentiellement due à la hausse de l’indice des produits alimentaires de 5,5 % et de celui des produits non alimentaires de 2,5 %.

Selon le HCP, la hausse des prix des produits alimentaires a débuté en janvier 2021 avec des taux de 1,8 % avant de grimper à 13,7 % en février 2022, La hausse des prix du pain et des céréales s’est, quant à elle, envolée de 5 % en septembre 2021 à 13,2 % en février 2022.

Pour les produits non alimentaires, la hausse la plus importante a été enregistrée au niveau des carburants et lubrifiants avec des hausses successives depuis avril 2021. Le prix du gasoil à la pompe a dépassé le niveau de 11 dirhams par litre. L’augmentation de février dernier a été de 22 %, dévoile la même source.

L’inflation en évolution accélérée depuis avril 2021

L’inflation sous-jacente, qui exclut les produits à prix volatils et les produits réglementés a connu à partir du mois d’avril 2021 une évolution accélérée. L’indice moyen sous-jacent des prix à la consommation (ISJ) a flambé à 3,5 % en février 2022 contre 0,9 % au mois d’avril 2021. Il a évolué en moyenne de 2,0 % au cours de la période d’avril 2021 au décembre 2021 contre 0,2 % au cours de la même période de 2020.

Selon le HCP, l’augmentation de l’IPC a atteint le niveau de 3,3 % au cours des deux premiers mois de l’année 2022 comparativement aux deux premiers mois de l’année 2021.

La hausse des prix devrait se maintenir en 2022 à des niveaux supérieurs à la moyenne de la dernière décennie

HCP

La même source a indiqué que la hausse des prix devrait se maintenir en 2022 à des niveaux supérieurs à la moyenne de la dernière décennie. Les effets externes et la sécheresse devraient accroître davantage les incertitudes quant à l’inflation au niveau national. Les risques inflationnistes restent incertains à court terme. La hausse des cours des matières premières importées et la crise en Ukraine conjuguée avec une flambée des prix du baril seraient de nature à maintenir le taux d’inflation au cours de l’année 2022 à des niveaux relativement élevés, souligne la même source.

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À noter que le gouverneur de Bank Al-Maghrib a insisté, mardi à Rabat, sur l’incertitude marquant la situation économique actuelle du royaume. Il a aussi rappelé que les prévisions actuelles sont susceptibles de changer à n’importe quel moment. Le gouverneur de la banque centrale a, toutefois, écarté la nécessité de procéder à une loi de finances rectificative.