Maroc–Royaume-Uni : sur le plus long câble sous-marin du monde, Xlinks fait appel à Intertek

Trois mois après le lancement de l’appel d’offres, le choix de Xlinks s’est porté sur Intertek pour les conseils techniques sur le routage de la plus longue interconnexion électrique au monde. Imaginé par cette start-up britannique, le projet Xlinks vise à fournir au Royaume-Uni de l’électricité verte produite et stockée au Maroc avant d’être acheminée via 4 câbles sous-marins longs de 3800 km chacun.

Par

Le courant continu haute tension (CCHT), en anglais High Voltage Direct Current (HVDC), est une technologie d’électronique de puissance utilisée pour le transport de l’électricité en courant continu haute tension. Xlinks prévoit d’en assurer elle-même la production. Crédit: DR

Peu à peu, l’échafaudage du projet se met en place. Après l’attribution de la surface foncière par l’État marocain, la mobilisation des fonds pour les études préliminaires, Xlinks, une startup britannique basée dans la banlieue de Londres, a porté son choix sur Intertek.

Également britannique, cette dernière entreprise devrait lui apporter l’expertise technique, les études et l’assurance qualité sur le routage des câbles qui vont constituer la ligne électrique sous-marine qui reliera le Maroc au Royaume-Uni.

Dans le détail, pour le compte de Xlinks, la mission d’Intertek sera d’examiner le routage des câbles et les appels d’offres, rédiger les enquêtes géophysiques, les relevés et tests techniques, mais aussi obtenir les permis nécessaires aux études d’impacts météorologiques, géographiques et environnementaux. Une longue fiche de travail que résume Andy Page, responsable de la branche ingénierie mathématique d’Intertek Energy & Water.

États de service rassurants…

“Nous sommes ravis de poursuivre et de développer notre soutien à Xlinks sur ce projet de pointe, en aidant à la réalisation de ce projet d’énergie renouvelable d’importance mondiale. (La société) va apporter une richesse d’expertise technique et d’expérience et nous sommes impatients de tirer parti de notre expérience en matière d’assurance de la qualité et de la sécurité dans le développement d’interconnexions HVDC (“high voltage direct current”, en français “courant continu haute tension”, ndlr) longue distance”, a-t-il déclaré dans un communiqué publié le mercredi 9 mars.

“Nous nous félicitons du soutien d’Intertek pour nos études marines reliant le Maroc au Royaume-Uni. Ils apportent une expertise éprouvée à un élément clé du projet d’électricité entre le Maroc et le Royaume-Uni”, a commenté pour sa part Nigel Williams, directeur du projet Xlinks. Les états de service d’Intertek ont de quoi rassurer.

à lire aussi

Avant de s’engager pour le projet de Xlinks, Intertek effectue la même mission technique sur le projet de ligne d’interconnexion électrique entre l’Australie et des pays d’Asie du Sud-Est (ASEAN) qui sera mis en service en 2027. Développé par Sun Cable, ce projet prévoit de produire 10 gigawatts d’énergie via une ferme solaire de 12.000 hectares. L’énergie produite sera ensuite stockée dans une centrale composée de batteries de 30 gigawatts-heures (GWh) dans le nord de l’Australie, pour fournir de l’énergie propre en continu 24 heures sur 24 à Singapour.

Cette capacité de stockage d’énergie sera 155 fois supérieure à celle de la plus grande batterie lithium-ion du monde actuellement en service, qui est la réserve d’énergie australienne de Hornsdale, soit 193,5 mégawatts-heures (MWh). Des similarités avec le projet de Xlinks dans le royaume, à ceci près que la ligne électrique qui reliera le Maroc au Royaume-Uni vient supplanter le projet australo-singapourien.

… et similaires au projet de Xlinks au Maroc

Chiffré à 22 milliards de dollars, le projet envisage de construire sur 1500 km2 dans la région de Guelmim Oued Noun, un parc solaire et éolien qui devrait fournir à terme 3,6 GW d’électricité. Ce parc sera adossé à l’installation d’une batterie de 5 GW pour stocker l’énergie afin d’injecter 10,5 GW d’électricité dans le réseau du Royaume-Uni, suffisant pour assurer 7 % de la demande intérieure britannique.

Pour acheminer l’électricité produite dans le désert, Xlinks envisage la construction d’un système de quatre câbles sous-marins HVDC de 3800 km chacun, soit la plus longue ligne électrique sous-marine au monde. Prévues en eaux profondes, ces lignes devront traverser l’Espagne, le Portugal et la France.

En décembre dernier, la start-up qui porte le projet a annoncé avoir mobilisé 13 millions de livres sterling hors taxes (162 millions de dirhams) pour une mission de six mois destinée à financer des études géophysiques, géotechniques et environnementales. Le nom de l’entreprise choisie pour ces études est désormais connu : Intertek. Cette annonce fait suite à l’octroi, dans la région de Guelmim-Oued Noun, d’une surface foncière de 150.000 hectares par l’État marocain à Xlinks pour la concrétisation de sa ligne d’interconnexion électrique. Équivalant à plus de 210.000 terrains de football, cette superficie devrait servir à l’installation d’une ferme solaire photovoltaïque (PV), des éoliennes, mais aussi l’immense batterie de stockage de l’énergie produite sur le site.

En octobre 2021, une longue enquête publiée par TelQuel est revenue sur les acteurs clés, les défis et le coût techniques du projet, sans préjuger sa réalisabilité. Habituée des annonces par bribes, Xlinks semble donc montrer avec l’annonce du prestataire chargé des études préliminaires que ses câbles pourraient bien être déployés à date. Selon l’échéancier du projet dévoilé en septembre 2021, le premier câble devrait être posé en 2025 pour une mise en ligne en 2027. Les trois autres câbles suivraient deux ans plus tard, en 2029. Ce qui devrait permettre à un royaume d’en éclairer un autre.