Connexion électrique entre le Maroc et le Royaume-Uni : l’État marocain accorde le foncier nécessaire à Xlinks

Dans le Rapport sur le foncier public mobilisé pour l’investissement, adossé au Projet de Loi de finances, l’État s’engage à mettre à la disposition de Xlinks une surface foncière de 150.000 hectares pour la concrétisation de sa ligne d’interconnexion électrique entre le Maroc et le Royaume-Uni. À quoi cela correspond-il ? Comment le comprendre ? Les détails.

Le courant continu haute tension (CCHT), en anglais High Voltage Direct Current (HVDC), est une technologie d’électronique de puissance utilisée pour le transport de l’électricité en courant continu haute tension. Xlinks prévoit d’en assurer elle-même la production. Crédit: DR

Un pas de plus dans la concrétisation du projet titanesque de Xlinks. Dans le Rapport sur le foncier public mobilisé pour l’investissement, adossé au Projet de Loi de finances, l’État marocain s’engage à mettre à la disposition de Xlinks une surface foncière de 150.000 hectares.

Au moment où elle dévoilait ses plans pour la concrétisation d’une ligne électrique sous-marine de 3800 km — à terme la plus longue du monde — qui reliera le Maroc au Royaume-Uni, cette start-up britannique estimait à 1500 kilomètres carrés la surface foncière nécessaire pour ses installations de production dans la région de Guelmim-Oued Noun, soit exactement ce que l’État vient de s’engager à mettre à sa disposition.

Un parc solaire et éolien

Équivalant à plus de 210.000 terrains de football, cette superficie devrait servir à l’installation d’une ferme solaire photovoltaïque (PV) qui couvrira environ 200 kilomètres carrés, soit 20.000 hectares. Le reste de la superficie devrait accueillir les éoliennes, mais aussi l’immense batterie de 5 GW pour le stockage de l’énergie produite sur le site.

Avec son intention de réserver le foncier nécessaire à l’installation de ce complexe énergétique, l’État marocain montre sa volonté de voir le projet se concrétiser. Néanmoins, la mise à disposition de cette superficie devrait prendre la forme d’une location de terrain pour la start-up britannique, afin de déboucher sur une rente considérable sur la base de la taxe à l’export de l’énergie prévue par la loi n°13-09 de 2010 sur les énergies renouvelables.

La centrale solaire Noor a été développée par Acwa Power, dont le CEO Paddy Padmanathan est partie prenante dans le projet porté par Xlinks.Crédit: DR

Avec les 150.000 hectares, la question du foncier est écartée. Se pose celle de l’octroi des derniers permis afin d’amorcer le démarrage effectif des travaux de construction et d’installation des parcs solaire et éolien prévus en 2023. S’en suivra la pose du système des câbles HVDC (courant continu haute tension), qui devraient être fabriqués dans deux usines britanniques, pour acheminer l’électricité produite au Maroc vers le Royaume-Uni. Le premier câble devrait être posé en 2025 pour une mise en ligne en 2027. Les trois autres câbles suivraient deux ans plus tard.

Cette start-up basée à Londres envisage de produire de 10,5 GW d’énergie solaire et éolienne dans la région de Guelmim-Oued Noun pour l’injecter dans le réseau électrique britannique

La balle est donc dans le camp de Xlinks. Avec un investissement total estimé à plus de 200 milliards de dirhams, cette start-up basée à Londres envisage de produire de 10,5 GW d’énergie solaire et éolienne dans la région de Guelmim-Oued Noun pour l’injecter dans le réseau électrique britannique. Cette énergie, qui représente 8% des besoins de la Grande-Bretagne, pourrait alimenter 7 millions de foyers britanniques.

L’ambition devrait prendre la forme d’une ligne d’interconnexion sous-marine à 700 mètres de profondeur qui traverserait les eaux territoriales de l’Espagne, du Portugal et de la France pour relier les deux royaumes. Longue de 3800 km, elle serait alors la plus longue du monde, après la North Sea Link (NSL), reliant la Norvège au Royaume-Uni (724,5 km), mise en service en octobre dernier et d’un coût de 1,6 milliard d’euros.

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Dans une enquête publiée fin octobre, TelQuel avait analysé les limites techniques du projet. Si la faisabilité du projet n’était pas remise en doute par les experts interrogés, son montage financier, ses contraintes géopolitiques et son coût technique revenaient dans les analyses comme pouvant retarder ou stopper l’évolution du projet.