La Russie lâchée de toutes parts à l’ONU après un nouveau vote historique

La Russie était plus isolée que jamais à l’ONU ce 4 mars après un vote historique en faveur d’une enquête internationale qui a vu des alliés aussi proches de Moscou que le Venezuela et Cuba s’abstenir.

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Conseil de sécurité de l'ONU. Crédit: Kena Betancur / AFP

Seule l’Érythrée a voté contre la résolution que Kiev avait mise sur la table du Conseil des droits de l’homme (CDH).

“Aujourd’hui, le CDH a adopté une résolution historique (…). Le message adressé à Poutine a été clair : vous êtes isolé sur le plan international et le monde entier est contre vous”, a déclaré l’ambassadrice ukrainienne Yevheniia Filipenko aux journalistes, entourée de nombreux diplomates qui l’ont ensuite applaudie.

“Aujourd’hui, les membres du Conseil ont voté à une écrasante majorité en faveur de la création d’une commission d’enquête dotée d’un mandat fort (…). Les membres de la communauté internationale sont aux côtés de l’Ukraine, et il est clair que la Russie est seule”, a répondu en écho l’ambassadrice américaine auprès de l’ONU Sheba Crocker.

Plus tôt dans la semaine, l’Assemblée générale des Nations Unies avait adopté par une écrasante majorité une résolution exigeant que la Russie “cesse immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine”, un vote salué comme “historique”.

La résolution au CDH a bénéficié du soutien des Occidentaux, mais également de nombreuses autres capitales de par le monde qui ont dénoncé le non-respect de la souveraineté territoriale de l’Ukraine par Moscou et la violence exercée contre le peuple ukrainien, ainsi que la menace pour la paix mondiale.

La Chine, pourtant farouchement opposée à toute enquête des Nations unies, s’est abstenue, alors que Pékin avait voté contre la tenue du débat urgent sur l’invasion russe.

“Cette semaine, nous avons assisté à une démonstration sans précédent de l’unité de la communauté internationale”, a souligné l’ambassadeur britannique auprès de l’ONU Simon Manley.

Ce vote est intervenu alors que la plus grande centrale nucléaire d’Europe, Zaporojie, située dans le sud de l’Ukraine, a été touchée vendredi par des frappes de l’armée russe qui ont provoqué un incendie, vite éteint par les pompiers ukrainiens.

“Le bombardement de la plus grande centrale nucléaire d’Europe peut conduire à une catastrophe mondiale”, a alerté Mme Filipenko, devant le Conseil.

C’est la première fois dans l’histoire du Conseil qu’une résolution vise directement la Russie, selon un porte-parole de l’ONU.

“La Russie doit être tenue responsable de ses actions”

“Il n’y a qu’un seul agresseur dans cette guerre, et c’est la Russie (…). La Russie doit être tenue responsable de ses actions”, a soutenu l’ambassadeur français auprès de l’ONU Jérôme Bonnafont, au nom de l’UE.

“L’ensemble de l’humanité a été repoussée dans des retranchements que nous n’avions pas connus depuis très longtemps”, a commenté l’ambassadeur de la Gambie, Muhammadou Kah, dont le pays a voté en faveur de la résolution. La résolution condamne “les violations des droits de l’homme et atteintes à ces droits résultant de l’agression de la Fédération de Russie”.

Le texte appelle “au retrait rapide et vérifiable des troupes russes et des groupes armés soutenus par la Russie de l’ensemble du territoire internationalement reconnu de l’Ukraine”, et demande l’établissement d’urgence pour une durée initiale d’un an “une commission d’enquête internationale indépendante”, le niveau le plus élevé d’enquête du Conseil.

Les enquêteurs seront chargés de “recueillir, rassembler et analyser les éléments de preuve attestant de (…) violations” des droits humains et du droit international humanitaire résultant de l’invasion russe en Ukraine, en vue de futurs procès, et d’identifier les responsables de ces violations “afin qu’ils aient à répondre de leurs actes”.

L’invasion russe a provoqué une vive émotion dans le monde. Manifestations anti-guerre et gestes de solidarité avec les Ukrainiens se sont multipliés, au vu des bombardements et de l’exode hors d’Ukraine d’environ 1,2 million de personnes, selon les derniers chiffres de l’ONU.