Réda Dalil, un an déjà

Notre directeur de publication s’est éteint, il y a un an, le mardi 19 mars, à seulement 45 ans. Cet ex-financier avait une véritable passion pour les mots, les lettres, et pour son métier de journaliste. Chez TelQuel, on se souvient de ce grand lecteur, fan absolu des Beatles et amateur de NBA. Et surtout, de sa gentillesse.

Par

En 45 ans de vie, Réda Dalil s’est distingué dans des domaines aussi divers que sont la finance, le journalisme et l’écriture. Sorti du lycée Lyautey en 1996, il intègre l’Université Al Akhawayn où il décroche un bachelor en administration des affaires. Et en 2001, le voilà lancé dans la finance.

Sa carrière aurait pu être tout tracée, mais en 2009, Réda ne résiste pas à l’appel du journalisme. Après un passage éclair chez Owner, il découvre les métiers de rédacteur en chef et de directeur de publication au magazine Le Temps. De 2016 à 2018, il met ses compétences de rédacteur en chef au service d’Économie Entreprises. C’est en 2018 que TelQuel lui ouvre ses portes, ou qu’il ouvre les portes de TelQuel, allez savoir. Au fil des semaines, nos lecteurs découvrent son talent de journaliste à l’écriture acérée.

Car il est une qualité sur laquelle tous s’accordent : Réda était une plume. Une plume qui démange. Une plume qui dérange. À titre d’exemple, en 2023, le workaholic directeur de la publication a cumulé l’écriture de 15 dossiers (près d’un tiers de ceux publiés dans l’année), parmi lesquels des révélations qui feront bouger les lignes. On peut penser à la dénonciation du népotisme qui rongeait la CGEM — qui empêchera d’ailleurs la cooptation d’un nouveau “copain” —, ou au dossier “emploi” dont la rigueur bousculera le gouvernement Akhannouch.

Des nombreux hommages postés sur la Toile ressort une épithète : le cœur. Le journalisme, dont l’idéal de neutralité prive parfois ceux que la passion dévore, ne suffisait pas à Réda. Avant même de se forger un nom dans la presse, il l’avait inscrit dans la littérature.

À travers elle, Réda Dalil l’écrivain a pu explorer des thèmes plus personnels. Son premier roman, Le Job (2013), qui lui a valu le prix littéraire de La Mamounia, détaille les peurs qui ont probablement traversé le financier qu’il était lors de la crise des subprimes en 2008. Après tout, “moi, j’ai passé huit ans de ma vie à bouffer du chiffre”, écrit-il. Puis, ce fut Best Seller (2016), décrivant la situation d’un homme, comme lui, condamné à écrire.

La passion de Réda, les lecteurs de TelQuel la découvrent plus encore en mai 2019, quand, devenu directeur de publication du magazine, il commence à en écrire les éditos. Des éditos sans concession, des éditos qui démontrent, décryptent et démontent, mais sans esbroufe, et sans jamais taper au-dessous de la ceinture. Sur le Web, de nombreux témoignages le soulignent : “Ses fameux éditos visaient les cœurs, jamais les visages” ; “Il a laissé derrière lui un héritage littéraire important (cf. ses éditoriaux dans le magazine TelQuel)” ; ou encore, plus sobrement, “Brillant éditorialiste”.

Nous remercions vivement nos lecteurs et toutes les personnes qui ont témoigné leur sympathie à la famille, aux amis et aux collègues de Réda.

à lire aussi