Le décès de Réda Dalil a été un véritable choc pour sa famille, ses collègues, ses amis et ses lecteurs. A tous, nous présentons nos plus sincères condoléances. Certes, nous savions qu’il était malade et que sa maladie était sérieuse. Mais nous ne l’imaginions pas disparaître aussi brusquement.
Réda n’a jamais voulu se résigner à être malade et inactif. Même après son opération de la semaine dernière, il parlait de TelQuel, de sa fierté de l’équipe avec laquelle il travaillait, de ce qu’ensemble ils accomplissaient. Il était impatient de reprendre sa passion : écrire, analyser, enquêter, rendre compte, expliquer, aider…
Sur son lit d’hôpital, il proposait encore des sujets d’articles, de dossiers, des angles, un sujet d’édito… Il se réjouissait du bon fonctionnement de la rédaction même en son absence. Il lisait le dernier livre de Abdallah Laroui et s’émerveillait de la lucidité et de la pertinence de l’auteur de 91 ans. Rien ne laissait penser que quelques jours plus tard il ne serait plus là.
Réda a marqué ceux qui l’ont connu de près par sa gentillesse et son caractère profondément humain. Il a côtoyé, interviewé et débattu avec d’anciens et actuels chefs d’État et de gouvernement, ministres, ambassadeurs, hauts fonctionnaires, patrons d’entreprises, élus, intellectuels, chercheurs… Et pourtant, il ne s’est jamais départi de sa profonde humilité. Les centaines de témoignages que nous avons reçus depuis son décès confirment ce que nous, qui l’avions connu de près, ressentions à son contact : sa grande humanité.
Réda était un journaliste talentueux, intègre et engagé. Écrire était sa passion. Il l’a exprimée à travers ses centaines d’éditos, d’enquêtes, d’analyses et d’interviews. Il se faisait la promesse d’écrire son troisième roman. Dès qu’il irait mieux. Dès qu’il aurait le temps.
Diriger la rédaction de TelQuel était son autre passion. Il était fier de ses collaborateurs. À la fois exigeant et protecteur, il veillait jalousement à l’indépendance de son équipe. Pourtant, la tâche n’était pas facile. Réda avait pris les rênes de TelQuel quelques mois avant le déclenchement de la crise du Covid et l’interdiction d’imprimer les journaux qui a suivi.
Le choc a été violent pour TelQuel et toute la presse marocaine. Sans l’aide de l’État, peu de supports auraient survécu. À peine sortis du Covid, sa maladie le tiendra éloigné de TelQuel pendant plus de huit mois. À son retour, il s’attèlera, avec la rédaction et toutes les équipes de TelQuel, à la tâche de relancer nos supports avec une équipe réduite et des ressources financières limitées. Il veilla à maintenir l’exigence de professionnalisme et de qualité qui caractérise TelQuel. Les résultats commencèrent enfin à se voir. La maladie le rattrapa.
Son talent, son professionnalisme, son intégrité, sa gentillesse nous manqueront. Nous essaierons de maintenir vivant l’esprit qu’il a insufflé dans notre rédaction. Nous espérons que son modèle continuera d’inspirer ses collègues et toute une génération de jeunes journalistes.
Adieu Réda.
Khalid Elhariry
Président TelQuel Media