Le chemin a été long. Aujourd’hui, Youssef Badr est magistrat de la République française, président de la 18e chambre du tribunal judiciaire de Bobigny. Mais avant de le devenir, il a aussi été un jeune étudiant de parents marocains, qui a grandi en banlieue de la région parisienne et a failli ne pas s’en sortir.
Parallèlement à ses études, il enchaîne les petits boulots, jusqu’à pousser les portes de l’École nationale de la magistrature en 2007, l’une des plus fermées et prestigieuses de la fonction publique. À seulement 36 ans, il est nommé porte-parole du ministère de la Justice.
Pour l’avoir vécue, il connaît la difficulté de réussir lorsque votre milieu social ne vous y prédestine pas, et le devoir de s’accrocher deux à trois fois plus que les autres. Alors, c’est en “regardant dans le rétroviseur” qu’il a pensé à créer “La courte échelle”, une association spécialisée dans le secteur du droit, qui se bat pour l’égalité des chances en proposant un accompagnement aux étudiants qui en ont besoin.
La lutte contre les discriminations à l’embauche est au cœur de ce travail associatif. Invité à la Maison du Maroc à Paris il y a quelques semaines, il y évoquait le “parcours sinueux de l’intégration” des étudiants étrangers en France.
TelQuel : Vous employez souvent le mot “miracle” pour parler de votre parcours. Pourquoi ?
Youssef Badr : Il m’arrive souvent de regarder dans le rétroviseur, pour me souvenir de mon enfance et de mon parcours scolaire. J’ai été collégien puis lycéen dans les années 1990, et je n’aurais pas misé un euro sur ma réussite scolaire. Non pas que j’étais un mauvais élève, mais l’image qui m’était renvoyée à travers mes professeurs était très compliquée.