2025, année zéro pour la justice climatique

Par Hafid Boutaleb

2025 sera une année cruciale pour le climat et la biodiversité, avec le rendez- vous de la COP30 au Brésil qui se profile. Mais cette COP30 tant attendue sera aussi l’occasion de redéfinir les rapports de force Nord-Sud, plus que jamais au-devant de la scène climatique, comme l’opinion publique l’a constaté lors de la COP29 à Bakou.

Le climat et l’environnement seront plus que jamais au rendez- vous de l’actualité en 2025. Le Met Office, service national britannique de météorologie, prévient, dans son rapport de décembre 2024, que l’année 2025 sera parmi les trois plus chaudes jamais enregistrées. Dans ce contexte de réchauffement et de montée des eaux, la récente COP à Bakou (Azerbaïdjan) a permis d’acter des réalisations importantes, notamment la finalisation des règles d’application de l’accord de Paris de 2015, ou encore la renégociation à la hausse du nouvel objectif collectif quantifié, en faveur des pays du Sud global (NCQG).

“Est-ce que les engagements pris par les États en 2015 pour réduire les gaz à effet de serre ont un effet ? Oui. Les émissions mondiales de GES subissent un ralentissement structurel alors même que le PIB mondial augmente”

Hafid Boutaleb

La COP a également été l’occasion du premier bilan, dit “global stocktake”, qui permet d’évaluer l’impact des engagements pris par les États en 2015 pour réduire les gaz à effet de serre (GES). Est-ce que ces mesures ont un effet ? Oui. Dans un rapport publié courant 2024 par l’Agence Internationale de l’Energie (CO2 emissions in 2023– A new record high, but is there light at the end of the tunnel ?), il apparaît que les émissions mondiales de GES subissent un ralentissement structurel alors même que le PIB mondial augmente.

Signe que cette baisse n’est plus la conséquence du confinement de l’année 2020, lors duquel une baisse de l’ordre de 4,2% des émissions avait été constatée, concomitante à une baisse du PIB mondial de 4,9%. Toujours selon ce rapport, la croissance du volume total des émissions de CO2 depuis 2019 aurait été trois fois plus importante sans le recours croissant aux énergies renouvelables.

“La justice climatique est plus que jamais d’actualité : même si les émissions fléchissent et que la courbe reste pour le moment autour de 1,5 degré de réchauffement en plus, l’impact du changement climatique se fait ressentir comme jamais”

Hafid Boutaleb

La justice climatique est plus que jamais d’actualité. Car si les émissions fléchissent et que la courbe reste pour le moment autour de 1,5 degré de réchauffement en plus, l’impact du changement climatique se fait ressentir comme jamais. Les dernières années ont démontré l’occurrence croissante de phénomènes climatiques extrêmes. Les récentes inondations à Valence (Espagne), ou dans le sud du royaume, en sont un exemple édifiant.

Et c’est dans ce contexte que les pays du Sud global se sont saisis de la question climatique et en ont fait un cheval de bataille dans la renégociation des rapports de force Nord-Sud. Car ces pays invoquent à juste raison la responsabilité des pays du Nord dans l’augmentation de 1,5 degré par rapport aux températures planétaires préindustrielles.

Par conséquent, ces pays paient une dette climatique considérable, en plus d’un endettement déjà important, d’où la nécessité que ces transferts définis par le NCQG soient des emprunts à taux préférentiels, voire même des dons. Et c’est par des mécanismes financiers complexes que les mécanismes d’adaptation se mettent en place.

L’espoir d’une manne venant du Nord

Les 300 milliards de dollars agréés lors de la COP à Bakou serviront dans ce sens là. Concrètement, cela se traduit par la multiplication d’organismes pouvant émettre des emprunts ou délivrer les dons. Et si 300 milliards de dollars par an paraît être une somme colossale à rassembler chaque année par les pays de l’OCDE, elle n’est en réalité que de 100 milliards pour le moment, et l’objectif des 300 milliards est à atteindre d’ici 2030.

Ces 100 milliards servent, au travers des organismes cités plus haut, à financer l’adaptation, comme l’aide aux agriculteurs du Bangladesh frappés par la montée de la salinité, rendant leurs terres moins fertiles, ou à aménager des digues pour permettre aux pêcheurs des Philippines de continuer leur activité. Dans les deux cas, c’est la montée des eaux consécutive au réchauffement global qui est la cause principale de ces préjudices.

Ainsi, 2025 se fera à l’heure d’une urgence climatique de plus en plus prégnante. La COP30 recentrera le débat autour de la situation critique de la forêt vierge dans le monde. Principale responsable du “carbon capture”, et principale émettrice d’oxygène, l’Amazonie sera l’hôte de la COP30 prévue à Belém au Brésil, un rendez-vous que beaucoup annoncent comme crucial.

Par Hafid Boutaleb, spécialiste en relations internationales et changement climatique