Combien d’ingénieurs forme-t-on aujourd’hui au Maroc et quels sont les secteurs les plus attractifs pour les étudiants marocains ?
“Aujourd’hui, on forme environ 11.000 ingénieurs par an, toutes spécialités confondues. À cela, on peut ajouter environ 19.000 titulaires de masters qui, selon leur spécialisation, peuvent être assimilés à des ingénieurs”
Aujourd’hui, on forme environ 11.000 ingénieurs par an, toutes spécialités confondues. À cela, on peut ajouter environ 19.000 titulaires de masters qui, selon leur spécialisation, peuvent être assimilés à des ingénieurs.
Nous travaillons aussi à augmenter ces chiffres avec la mise en place de centres d’excellence dans les facultés des sciences, ainsi que des parcours intégrés sur trois ans, inspirés des grandes écoles.
Concernant les secteurs les plus prisés, on observe que les étudiants s’orientent de plus en plus vers les domaines qui répondent aux besoins actuels du marché de l’emploi, et qui sont alignés avec les priorités nationales.
On peut citer en particulier les métiers du numérique, comme la Data Science, l’intelligence artificielle ou la cybersécurité. Les secteurs de l’automobile, de l’aéronautique, des énergies vertes, de l’ingénierie environnementale, ainsi que les biotechnologies et le génie biomédical attirent également de nombreux étudiants.
Sans oublier les secteurs plus classiques, tels que la finance, la banque, l’architecture et l’urbanisme, qui restent très demandés.
Comment développez-vous les cursus de formation pour répondre aux besoins d’un marché en perpétuelle évolution ?
“Suite aux Assises régionales organisées en 2022 dans le cadre du PACTE ESRI-2030, chaque université a désormais une vision claire des besoins de sa région en termes de formation”
Je tiens à souligner que suite aux Assises régionales organisées en 2022 dans le cadre du Pacte ESRI-2030, chaque université a désormais une vision claire des besoins de sa région en termes de formation. Cela permet de mieux adapter l’offre de formation aux priorités de développement propres à chaque territoire.
Au niveau national, nous avons mis en place plusieurs actions en coordination avec les universités, les ministères concernés et les acteurs économiques, pour concevoir une offre de formation qui réponde aux attentes du marché de l’emploi et aux objectifs des plans de développement sectoriels lancés par le gouvernement. L’adéquation entre la formation et le marché de l’emploi est une priorité pour le ministère.
Actuellement, l’offre de formation inclut près de 3000 nouvelles filières qui couvrent une grande variété de domaines. Le développement des cursus suit une logique bien définie. D’abord, nous collaborons étroitement avec les acteurs du milieu socio-économique pour co-construire les programmes. Ensuite, on définit les compétences nécessaires en fonction des besoins du marché de l’emploi. Une fois les programmes conçus par les équipes pédagogiques, ils sont soumis aux commissions pédagogiques des universités.
Ils passent alors par l’évaluation des experts de l’Agence nationale d’évaluation et d’assurance qualité de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (ANEAQ) avant de recevoir l’accréditation finale du ministère, après avis de la Commission nationale de coordination de l’enseignement supérieur (CNACES).
Qu’en est-il des programmes de formation dans le secteur privé ?
Il est important de savoir que l’enseignement supérieur privé fait partie intégrante de l’écosystème national de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique.
Bien qu’il dispose d’une certaine autonomie dans la gestion de ses programmes de formation, il est soumis aux mêmes exigences de qualité que l’enseignement public. Par exemple, les Cahiers de normes pédagogiques nationales (CNPN), que nous avons élaborés pour cette rentrée universitaire, s’appliquent autant au secteur public qu’au secteur privé.
Les établissements privés, tout comme les établissements publics, sont évalués par l’ANEAQ avant d’obtenir l’accréditation de leurs filières. Ils doivent respecter les mêmes critères de qualité. Cette accréditation est accordée après l’évaluation de l’ANEAQ, puis validée par la Commission de coordination de l’enseignement supérieur privé (COSESP) et la CNACES.
L’objectif est de garantir que toutes les composantes de notre système d’enseignement supérieur, qu’elles soient publiques ou privées, fonctionnent selon les mêmes standards de performance et de qualité. Nous devons éviter à tout prix un système à deux vitesses, car cela compromettrait notre objectif de développement du capital humain.
Peut-on dire aujourd’hui que les programmes de formation répondent parfaitement aux besoins du marché de l’emploi ?
L’adéquation entre la formation et les besoins du marché de l’emploi est une question qui se pose partout dans le monde, même si l’intensité du problème varie d’un pays à l’autre. Au Maroc, cela a toujours été un point de débat. La question est de savoir dans quelle mesure notre système d’enseignement supérieur parvient à former des lauréats qui répondent aux attentes des secteurs socio-économiques.
Il est important de noter que l’employabilité des diplômés ne dépend pas uniquement de la qualité de l’enseignement supérieur. Cela repose aussi sur la capacité de l’économie à créer des emplois et à générer de la croissance. Cela dit, nous avons fait de cette question une priorité au ministère.
C’est pourquoi nous avons lancé plusieurs initiatives dans le cadre du PACTE ESRI-2030, pour renforcer l’adéquation entre les formations et les besoins du marché. Parmi ces initiatives, nous avons augmenté le nombre de filières professionnalisantes accréditées dans différents cycles, créé de nouvelles filières innovantes pour répondre aux évolutions des métiers, introduit l’alternance dans les parcours de formation, et intégré des compétences transversales dans les cursus, comme les soft skills et la culture entrepreneuriale.
Nous avons également renforcé le partenariat entre l’université et les entreprises, en facilitant l’accès aux stages, en co-construisant les programmes et en organisant des forums qui rapprochent les étudiants du monde professionnel. Et bien sûr, nous encourageons de plus en plus d’étudiants à s’orienter vers les filières scientifiques et techniques, qui sont essentielles pour le développement du pays.