Haine virtuelle et conséquences

Par Fatym Layachi

Il y a des semaines où l’actu te rattrape ; des semaines pendant lesquelles tu te portes comme un charme, des semaines pendant lesquelles tout, autour de toi, semble flotter, mais des semaines pendant lesquelles les bruits du monde font éclater ta petite bulle. Des semaines pendant lesquelles tu n’arrives pas vraiment à rester indifférente à ce qu’il se passe loin de toi.

Tu ne sais pas vraiment s’il s’agit d’empathie sincère ou de bruits intempestifs qu’il est impossible d’éviter. Cette semaine, malgré les invitations ramadanesques à honorer, les séries télé à suivre, le sport auquel il faut tenter d’être assidue, ta mère qu’il faut écouter et les histoires de Zee qu’il faut commenter, tu as été submergée d’émotions par l’actu.

Pour commencer, il y a eu cette tempête. Ce n’est pas tant que tu aies une quelconque passion pour la météo ou les variations climatiques, mais là, c’est très impressionnant. Après avoir passé un hiver à globalement crever de chaud dans le plus beau pays du monde, là, alors que le printemps aurait dû poindre le bout de son nez en fleurs, ça a été le déluge. La tempête a fait de sérieux dégâts dans plusieurs villes et campagnes du pays.

Comme souvent quand les éléments se déchaînent, cela vient rajouter du tragique au désespoir. Ou du désespoir au tragique, selon le biais par lequel on regarde la situation. C’est un peu comme si la nature, quand elle se déchaîne, venait amplifier les injustices que les hommes et les systèmes créent et laissent perdurer. Mais ces pluies diluviennes ont aussi été salvatrices. Et bien évidement qu’il faut aussi se réjouir. Se réjouir de l’augmentation du taux de remplissage des barrages et être soulagé que ces fortes pluies viennent apaiser un peu cette sécheresse désormais chronique dont souffre le pays.

Ce type est un citoyen, un justiciable, qui est en train de proférer des menaces de mort. Ce n’est pas qu’une espèce de Zorro de la Sunna

Fatym Layachi

Ailleurs, ni dans les rues ni dans les champs, mais sur les internets, une tempête de haine et de violences a explosé. Une tempête, sous la forme d’une campagne qui vise une dizaine de militantes féministes, menacées de mort sur les réseaux sociaux. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les messages sont absolument flippants : “Vous êtes condamnées à mort pour la promotion des idées qui détruisent la société marocaine”, “L’exécution sera douloureuse et imprévue”, ou encore, “Je vais tuer ton enfant. Ton enfant en premier, ensuite toi. Car je veux te voir souffrir avant de mourir”.

Si les menaces ont lieu dans le monde virtuel des internets, la haine, elle, n’est pas virtuelle. Jamais

Fatym Layachi

En plus d’être flippants, ces messages tombent sous le coup de la loi. Et il n’y a aucune raison que l’obscur barbu qui les a écrites puisse se complaire dans son impunité. Ce mec n’est pas qu’un obscur barbu de la cervelle aux connexions synaptiques défaillantes et aux convictions nauséabondes. Il n’est pas que ça. Ce type est un citoyen, un justiciable, qui est en train de proférer des menaces de mort. Ce n’est pas qu’une espèce de Zorro de la Sunna. Ce que fait ce type tombe sous le coup de la loi. Si les menaces ont lieu dans le monde virtuel des internets, la haine, elle, n’est pas virtuelle. Jamais. Et ses conséquences le sont encore moins. Ce que fait ce type c’est de l’apologie du terrorisme. Et le terrorisme n’est pas une vue de l’esprit. Le terrorisme est un crime. Ce type doit comparaître devant la justice.

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