Les porteurs de projets sur l’hydrogène vert au Maroc convergent tous vers Dakhla. A quoi tient cette attractivité de la région, et que peut changer cette nouvelle filière à son économie ?
En tant que président de la Chambre africaine de commerce et de services (CACS), je ne peux que me réjouir que ces investisseurs parient sur la région de Dakhla-Oued Eddahab.
Cette ruée, car c’est de cela dont il s’agit, confirme en effet son immense potentiel dans les énergies renouvelables. Oui, le soleil et le vent sont des richesses, aurait dit La Palice. Ces ressources peuvent être utilisées pour produire de l’électricité propre et alimenter un électrolyseur nécessaire à la production d’hydrogène.
L’autre atout de la région est la disponibilité de réserves foncières. La région dispose de vastes zones offrant suffisamment d’espace pour la mise en place d’installations de production d’hydrogène vert à grande échelle.
Par ailleurs, sa situation géographique stratégique lui confère un accès facile à la fois aux marchés européens et africains. Cela pourrait faciliter l’exportation de l’hydrogène vert. Croyez-moi, c’est un argument essentiel pour les investisseurs.
Je suis convaincu que le Maroc jouera, à terme, un rôle majeur pour l’approvisionnement de l’Europe en énergie verte via l’électricité ou l’hydrogène, d’autant que les Européens vont repenser leur source d’approvisionnement gazier.
Pour des raisons géopolitiques, ils ne voudront plus dépendre de leurs fournisseurs historiques. Par ailleurs, les engagements de Bruxelles pour la neutralité carbone en 2050, même si certains sont actuellement contestés par les agriculteurs, assurent une visibilité à long terme aux investisseurs.
Le potentiel de la région est énorme, et elle figure dans le premier trident des destinations mondiales pour investir dans l’hydrogène vert. Ce n’est pas un hasard si de grands groupes s’y positionnent.
La région de Dakhla-Oued Eddahab a-t-elle la capacité d’absorber d’importants volumes d’investissement dans l’hydrogène vert?
Je le pense vraiment, au regard de son potentiel économique. Et ce n’est pas qu’une formule de convenance. L’enjeu est de capitaliser sur les investissements massifs des pouvoirs publics dans le cadre du Nouveau modèle de développement des régions du Sud inauguré par Sa Majesté en 2016.
“La facture énergétique annuelle représente la moitié du déficit de notre balance commerciale. À terme, les économies en devises résultant de la substitution à l’import seront considérables”
Le développement d’une filière de l’hydrogène vert va transformer à terme toute la région. Elle lui fera clairement franchir un palier dans son processus de développement en créant de nouvelles opportunités économiques, notamment des emplois locaux dans la production, le stockage, la logistique et la maintenance liés à l’hydrogène vert.
Le développement d’une filière de l’hydrogène vert à Dakhla permettra de promouvoir la transition énergétique et de réduire la dépendance aux combustibles fossiles au Maroc. La facture énergétique annuelle représente la moitié du déficit de notre balance commerciale. À terme, les économies en devises résultant de la substitution à l’import seront considérables.
Par ailleurs, le développement de l’hydrogène vert va accélérer le processus de transformation de l’économie nationale. Cette énergie peut être utilisée dans divers secteurs, tels que le transport et l’industrie.
Pour la région, que change la Nouvelle stratégie atlantique du royaume ?
Beaucoup de choses. Ce qui est certain, c’est que cette impulsion politique va accélérer le positionnement de Dakhla en tant que hub de connexion économique entre l’Afrique et le reste du monde. L’ouverture des infrastructures portuaires régionales aux pays enclavés du Sahel est un formidable accélérateur de ce processus et vient en complément du plan de développement 2035 de Dakhla.
Le futur port de Dakhla Atlantique en cours de construction permettra de connecter les principaux ports de la façade atlantique africaine aux ports des Amériques dans un schéma qui rappelle les lignes aériennes de l’Aéropostale. Aux côtés du projet de l’Aéro City d’El Argoub, le nouveau port de Dakhla Atlantique est le premier étage de la fusée qui propulse la stratégie du royaume dans son environnement africain.