Il a fallu au Boualem plus d’une semaine pour se remettre de la cruelle désillusion qui l’a frappé après notre nouvelle déroute en Coupe d’Afrique. Le bougre a traversé toutes les étapes : la colère, les jérémiades, l’incompréhension, la prostration, l’analyse, la fuite, le retour, etc. Hamdoullah, la défaite est riche en émotions, peut-être même plus que la victoire, voilà le genre d’inepties qui lui traversent la tête.
« Il faut réfléchir un moment à notre défaite en CAN (…) Le Boualem a écouté tout le monde, et il vous a concocté un résumé des discours les plus en vue, recyclables à chaque crash footballistique »
Maintenant que les convulsions collectives se sont calmées, il faut réfléchir un moment à ce qui nous arrive en CAN, car il s’agit d’un véritable défi à la pensée footballistique. Nous avons essuyé, au cours des âges, un nombre absurde de désillusions, testé toutes les formes possibles d’élimination, exploré ensemble les zones les plus reculées du ridicule sans qu’on puisse proposer avec certitude une explication pour une infortune aussi spectaculaire.
Zakaria Boualem a écouté tout le monde, car telle est sa mission, et il vous a concocté un résumé des discours les plus en vue, recyclables tous les deux ans à chaque crash footballistique. Ils sont listés plus bas, sans autre forme de présentation, et merci.
Le nihiliste : Nous sommes nuls, absolument nuls, pas du tout une nation de foot, telle est la réalité. Nous dépensons des sommes faramineuses sans le moindre résultat, c’est une honte et il faut arrêter cette gabegie.
Le botoliste : Cette dernière théorie est stupide, car nous avons gagné 2 CHAN et nos clubs ont soulevé 6 coupes africaines au cours des dix dernières années. C’est juste que nous prenons des joueurs qui ne sont pas faits pour la chaleur, l’humidité, les moustiques et le manioc, voilà tout. Fabriquez-moi une noble équipe de goumiers locaux, avec du défenseur berkanais, du milieu casablancais et quelques costauds des FAR et on ramène cette coupe sans la moindre difficulté.
Le raciste : Jamais de la vie, vous ne comprenez rien, il ne s’agit pas de football, ce qui se joue au sud du Sahara est un sport inconnu, une joute douteuse, un combat confus qui méprise nos arabesques, notre technique chatoyante et nos nobles stratégies. Il faut abandonner cette compétition horrible et exiger sans plus attendre un arrimage à l’Euro, qui est, comme chacun sait, notre vraie place.
Le tatillon : Il faut virer Regragui déjà, puisqu’il nous avait annoncé son départ en cas d’échec, n’est-ce pas ? En fait, il faudrait qu’il parte de lui-même, voilà qui rendrait grand service au pays, et je ne parle pas de football. Pourquoi est-ce que, pour une fois, on ne pourrait pas avoir quelqu’un qui respecte sa parole et quitte son poste comme annoncé, hein ?
Le pragmatique : Pas du tout, nous avons une CAN à organiser l’année prochaine, chez nous, on ne peut pas virer quelqu’un à chaque fois qu’il se plante, parce que c’est justement quand il échoue qu’il progresse. Il a fait une Coupe du Monde de malade : on ne bat pas l’Espagne, la Belgique, le Portugal par hasard, un peu de sérieux !
Le mystique : Peut être, mais vous ne gagnerez rien en Afrique subsaharienne, car là-bas règnent des démons qui savent que vous ne consentez à vous y rendre qu’à reculons, juste pour arracher une CAN que vous pensez mériter. C’est le royaume des esprits malins et ils vous châtieront à chaque nouvelle compétition, car vous ne la respectez pas.
Voilà, faites ce que vous voulez avec cette page pleine de théories, c’est tout pour la semaine, et merci.