Panorama électrique, une envolée exponentielle

En 2023, le marché mondial des véhicules électriques (VE) a atteint 14 millions d’unités, soit une croissance de 35% par rapport à 2022. Cette croissance est portée par plusieurs facteurs, notamment les politiques publiques en faveur des VE (subvention à l’achat), l’amélioration des performances, de l’autonomie, et la baisse des prix.

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La croissance du marché des VE est constante depuis plusieurs années. En 2020, ils représentaient 4% du marché automobile mondial. Cette part a atteint 10% en 2022 et devrait atteindre 20% en 2025.

Lorsqu’on s’intéresse de plus près au marché mondial des “voitures à piles”, toutes les pistes remontent vers la Chine, de loin le plus grand marché. L’Empire du milieu domine l’Europe et les USA sur ce secteur : selon la China Association of Automobile Manufacturers, en mai 2023, plus de 480.000 VE se sont vendus sur son marché intérieur (+48% par rapport à 2022), ce qui représente 27% des ventes totales automobiles. Sur la seule année 2022, elle a également exporté 679.000 VE (+120% par rapport à 2021).

Depuis le fameux “Diesel Gate”, tout s’est passé très vite. Peu ont été capables de prévoir la prise de pouvoir de la Chine qui est devenue très vite le leader mondial dans le domaine. Sa capacité à maîtriser l’ensemble de la chaîne de production ainsi que les ventes ont été foudroyantes.

Ce tsunami électrique est d’autant plus impressionnant qu’il est dû en grande partie aux percées des nouveaux constructeurs dont la plupart sont arrivés ou arrivent au Maroc : Seres, Chery, SAIC, DFSK, BYD, MG, Geely en tête ; tous représentés par de grands importateurs de la place (Auto Hall, Auto Nejma, Toyota du Maroc, Bamotors/Kia). Un gage de confiance et de sérieux. Mais d’après l’analyse de Wang Chuanfu, CEO de BYD, « la guerre des prix est inévitable […], car l’offre de véhicules électriques est supérieure à la demande ». Certains acteurs vont disparaître, d’autres se renforcer.

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Marge de progression

Dans le royaume, l’accueil a été pour le moment assez timide, la faute à une image de marque qui reste à bâtir, non pas ex-nihilo, mais en combattant déjà une idée reçue encore tenace due aux traces laissées par certaines d’entre elles. Car il n’y a pas si longtemps, d’anciens modèles à la qualité douteuse marquèrent les Marocains (Ex: QQ, F3, et autres F0).

Certes le marché marocain n’est absolument pas mature (seulement 160.000 véhicules neufs seront vendus en 2023), mais sa marge de progression est encore grande, comme aime à le souligner M. Adil Bennani, à la tête de l’AIVAM, l’association des importateurs marocains, lors de ses très instructives sorties médiatiques cette année.

D’après ce dernier, également à la tête de la marque Mercedes au Maroc, les performances du marché marocain en matière de véhicules électrifiés est sur la bonne voie avec une progression soutenue. A fin septembre 2023, seulement 3856 voitures “hybrides simples HEV” ont été vendus (contre 5039 sur la même période l’an dernier) mais avec tout de même 390 hybrides rechargeables PHEV (contre 360 en 22) et 326 voitures 100% électriques BEV (contre 136 en 2022).

Avec une année 2023, qui terminera sans doute en légère baisse par rapport à 2022 (– 2,3% comparativement à fin octobre 2022 qui n’était pas une grande année de vente), certains voyants sont au vert comme le fait que, dans la catégorie premium, les ventes de PHEV et BEV sont en hausse de 140% (respectivement 303 unités et 57 unités). Quoi qu’on en pense, la “dédieselisation” et l’électrification de l’offre automobile marocaine sont en marche, par étapes successives.

Le diesel out

Tout d’abord, bon nombre de constructeurs historiques ont déjà abandonné le diesel : cela a commencé en 2018 avec Porsche et Toyota puis Maserati, Mini, Suzuki, Honda, Nissan et Volvo leur ont emboîté le pas. Aussi, certains modèles des gammes Renault (Arkana et le futur Kadjar) et Peugeot (208) mais aussi l’ensemble des constructeurs chinois n’ont plus, ou jamais eu, de moteur diesel à proposer.

L’étape suivante a été de justement proposer une alternative crédible à l’indétrônable mazout afin d’amortir le choc des inéluctables baisses de vente. C’est alors que le mode de propulsion hybride entre en jeu. Popularisée par Toyota, cette technologie est née en 1997 sur l’iconique Prius dans le but d’optimiser l’efficacité énergétique et de réduire les émissions polluantes.

Avec une aide gouvernementale de l’État marocain l’exonérant de vignette et de taxe de luxe (pour les voitures dépassant 400.000 DH HT), la technologie hybride a le vent en poupe depuis la COP22 organisée à Marrakech en 2016, et commence à se frayer un chemin vers le cœur de l’automobiliste marocain. L’hybridation est une forme de propulsion qui combine généralement un moteur à essence avec un moteur électrique et une batterie.

Cette combinaison permet d’exploiter les avantages des deux moteurs, le thermique et l’électrique, qui peuvent travailler ensemble pour propulser la voiture ou fonctionner indépendamment selon les besoins. Ils se combinent à la demande, pour une accélération plus puissante ou agir séparément pour économiser du carburant.

La technologie hybride représente un compromis efficace entre les véhicules entièrement à combustion et les véhicules entièrement électriques, offrant une transition en douceur vers une mobilité plus durable et économe en carburant.

Le point faible de ce type de motorisation réside dans son coût d’acquisition considérablement plus élevé par rapport aux véhicules thermiques traditionnels, en raison de la technologie plus complexe, des batteries intégrées et des moteurs électriques.

De plus, les frais de réparation sont plus élevés, le poids supplémentaire des composants peut impacter les performances et la maniabilité du véhicule, et la présence de batteries supplémentaires peut réduire l’espace de chargement dans le coffre. Par ailleurs, lors des trajets autoroutiers ou à des vitesses plus élevées, les avantages de l’électrification peuvent également être limités.

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