Pourquoi le Boualem n’a pas la force d’ironiser sur des punaises de lit

Par Réda Allali

Le Zakaria Boualem qui vous accueille cette semaine à l’extrémité de cet estimable magazine n’a pas très bonne mine. Il est assommé, le bougre, par une sorte de rhume pénible qui lui comprime le cerveau et le plonge dans la mauvaise humeur.

Il n’ose pas vous décrire les détails de son état, de peur de se trouver sommé d’effectuer des tests hors de prix, il lui semble qu’il a assez contribué à la taxe Cayenne de nos héros de l’analyse médicale, que Dieu nous donne leur visage. Il n’a pas non plus envie de prendre le risque de se voir enfermé chez lui, à nouveau, il paraît qu’il y a encore des fous qui entretiennent ce genre d’idées affreuses. Du coup, le malheureux ne sait pas trop de quoi vous parler, tant les idées lui manquent.

“Il y a quelque chose de très déstabilisant dans cette histoire de punaises de lit en France, une odeur un peu médiévale qui vient écorner le prestige de la start-up nation…”

Réda Allali

Il aurait pu faire comme tout le monde, et ironiser à l’envi sur le déferlement de punaises et autres rampants qui s’abattent sur la France, que Dieu l’assiste. Il y a quelque chose de très déstabilisant dans cette histoire, il faut le reconnaître, une odeur un peu médiévale qui vient écorner le prestige de la start-up nation. Elle vient se superposer à l’affaire des Gilets jaunes éborgnés, elle aussi très surprenante dans son côté anachronique. Mais il lui semble bien que toutes les blagues possibles ont déjà été faites par les internautes, il est donc très difficile de rajouter quoi que ce soit au déferlement de sarcasme orchestré par nos compatriotes, très en forme, il faut le dire.

Zakaria Boualem aurait pu vous parler de la formidable sortie médiatique de notre ancien Chef de gouvernement, attribuant sans complexe le séisme à une punition divine liée à nos péchés. Il eût été assez facile, en vérité, de le renvoyer à ses contradictions, de décortiquer l’indécence profonde de cette assertion audacieuse, assortie de peu de compassion pour les victimes.

Mais, allez savoir pourquoi, le Boualem n’en a pas la force. Ce bon Abdelilah fait ce qu’il peut avec ce qu’il a, il faut bien qu’il bosse le pauvre, que voulez-vous qu’il dise d’autre ? Photographier un bout de pain est difficile, chez nous, le Guercifi est bien placé pour le savoir, alors on peut manifester un peu de compassion pour un homme qui essaie de faire son boulot comme il peut, voilà tout.

Il demeure la possibilité de vous parler un peu de cette vague de chaleur absurde, mais c’est bien entendu inutile, tout d’abord parce que c’est un sujet épuisant, ensuite parce que tout le monde a compris que la fin du monde se pointait à grande vitesse. Et puis, il aurait fallu en parler avant, quand tout le monde pensait que le réchauffement climatique était une blague de bobos, une préoccupation de riches désœuvrés avides de mauvaise conscience. Oui, Zakaria Boualem n’avait pas assez d’humanité en lui pour se sentir concerné par ce genre de sujet, il pensait qu’il allait vaguement perturber les générations futures et le voilà à transpirer comme un veau en plein octobre, c’est épouvantable. Oublions ce sujet, donc.

Il reste bien un sujet, le Guercifi l’a dégoté sur Le Matin du Sahara, qu’il ne faut jamais laisser de côté quand il s’agit de se remonter le moral. Il va donc le recopier tel quel, sans plus de formalité, tant l’écroulement le guette. Tenez-vous bien, respirez un bon coup, et voilà : “Le Maroc est promis à un avenir ‘brillant’ en matière de recherche scientifique, a souligné Abdeljabbar El Manira, professeur de neuroscience à l’Institut Karolinska, à Stockholm, et premier Marocain membre du jury du Prix Nobel de médecine.” C’est donc magnifique, il n’y a rien à ajouter, c’est tout pour la semaine, et merci.