Séisme d’Al Haouz : la diaspora marocaine se mobilise aussi

Alors que le Royaume assiste à un élan inouï de solidarité suite au séisme qui a ravagé la province d’Al Haouz, les Marocains résidant à l’étranger tentent, autant que possible, de contribuer à l’effort national, en multipliant les collectes de dons à travers les grandes villes européennes.

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TelQuel

Dans les heures qui ont suivi le drame d’El Haouz, les appels à solidarité ont rapidement retenti, et ce, bien au-delà du Royaume, grâce aux efforts d’une diaspora déterminée à se joindre à l’effort collectif.

Lundi 11 septembre, alors que le pays en est à son troisième jour de deuil national, nous sommes à Saint-Ouen, à quelques kilomètres seulement de Paris.

En moins de vingt-quatre heures, l’appel aux dons de la réalisatrice Meryem Ben M’Barek et de la journaliste Nesrine Slaoui, toutes deux résidant en France, a été entendu. Un transporteur routier offre aux bénévoles d’acheminer gratuitement près de 150 kilogrammes de dons vers Marrakech, tandis qu’une restauratrice propose de céder son local afin d’accueillir les donateurs entre 16 heures et 18 heures. Les dons, annoncent les organisatrices, seront reversés à l’orphelinat El Karam, situé dans la région, qui se chargera de les distribuer dans les villages qui en ont le plus besoin.

Dès 15 heures, ce lundi, les premiers sacs chargés de soins médicaux et de vêtements pour adultes commencent à affluer. Les Marocains de Paris ont répondu à l’appel, mais pas que. “Moi, je suis Tunisien, mais c’est pareil. N’est-ce pas ?” sourit Ghali*, venu déposer des couvertures et une tente. Très vite, le vaste couloir du restaurant Muse est recouvert de sacs cabas, tandis que deux autres points de collecte sont simultanément ouverts dans les 7e et 17e arrondissements de Paris.

Le lendemain, les bénévoles effectuent un tri parmi les dons collectés : et les 150 kilogrammes escomptés pèsent en réalité deux tonnes. L’acheminement se fera donc en camion, mais aussi, au vu de la quantité inattendue des dons collectés, en avion.

Impossible de “rester les bras croisés”

Je ne me suis pas posé de question”, raconte Mohamed Assaoui, directeur de l’association PropuL’C, qui a lancé dès dimanche 10 septembre un appel aux dons, principalement en nature, à Courbevoie, une ville située dans la banlieue parisienne. “Voir le pays entier se mobiliser et rester les bras croisés, à distance, nous était insoutenable”, poursuit-il.

“C’est beau de voir que même à l’étranger, notre communauté est aussi solidaire”

Mohamed Assaoui, association PropuL’C

Depuis que la collecte a été ouverte, en partenariat avec l’association Fête le mur, bénévoles et donateurs arrivent depuis toute la région Île-de-France, afin de contribuer comme ils peuvent. “Je vous avoue que je n’imaginais pas qu’autant de personnes répondraient à l’appel. C’est beau de voir que même à l’étranger, notre communauté est aussi solidaire”, confie Mohamed Assaoui.

Entre deux sourires de compassion, hommes et femmes versent parfois quelques larmes. L’émotion de Aziza* est palpable : “On est tristes à la fois pour notre pays, mais aussi tristes de ne pas pouvoir être là-bas pour faire plus”, explique la sexagénaire. D’autres envisagent même d’effectuer le voyage dans le courant de la semaine, que ce soit pour rendre visite à leur proches ou pour se porter volontaire dans les régions sinistrées.

Au total, près d’une dizaine de points de collectes ont pour l’heure été mis en place dans la ville de Paris, plus encore si l’on compte les banlieues. À Bordeaux et Marseille aussi, la diaspora marocaine (qui compte plus de 1,5 million de personnes à travers la France) s’organise de la même manière pour collecter un maximum de dons, et lutter contre le sentiment d’impuissance qui s’est emparé, depuis vendredi soir, de tous les Marocains.

Et les étudiants marocains ne sont pas en reste non plus. Les organisations estudiantines marocaines d’Assas (université de droit), de Sciences Po, de l’ESSEC et de l’ESCP se sont unies pour collecter des fonds qui seront envoyés aux ONG La Banque alimentaire et El Baraka Angels.

L’association Assas Maroc a par ailleurs tenu à mettre en place, dès le lendemain du séisme, une cellule de crise au sein même de l’université : “Il nous a semblé urgent d’accompagner les étudiants marocains touchés par le séisme. À Assas seulement, il y en a une dizaine. Certains sont bloqués à Marrakech, et ne sont pas en mesure de revenir à Paris avant le début de la rentrée”, explique Wacim Moussaoui, un de ses membres.

“On se sent encore plus Marocain”

À Milan, Londres, Madrid, Rotterdam ou encore Montréal, les appels à solidarité continuent de se multiplier. “On peine à se frayer un chemin entre les piles de dons ! J’ai été ébahie par la quantité de personnes qui ont répondu à l’appel en aussi peu de temps”, s’exclame Samia, depuis Barcelone, où l’Association amicale des immigrés marocains de Catalogne a aussi lancé une initiative. Dans le quartier d’El Raval, des bénévoles de tout âge trient inlassablement les dons et les répartissent, avant qu’ils ne soient envoyés à des associations marocaines locales par avion et par transport routier.

“On peut quitter le Maroc, mais le Maroc ne nous quitte jamais”

Samia, à Barcelone

Car depuis l’étranger, la question du transport et de l’acheminement des dons est cruciale. Sur les réseaux sociaux circulent un ensemble de mises en garde — souvent contradictoires — contre les restrictions établies par la douane marocaine, sans pour autant émaner de sources officielles.

Par précaution, les différentes initiatives lancées par la diaspora recommandent aux volontaires et bénévoles de privilégier les dons d’ordre vestimentaire, ainsi que les tentes, sacs de couchage et couvertures. “Je crois qu’on se sent encore plus Marocain dans ces moments difficiles. On voudrait tous être là-bas, aux côtés de notre peuple endeuillé pour aider et alléger les souffrances comme on voit nos compatriotes le faire sur le terrain”, confie Samia.

“J’ai reçu des messages de nombreux Marocains à l’étranger me demandant ce qu’ils peuvent faire et proposant d’aider de mille façons différentes, les uns proposant de ramener leur voiture, de prêter leur appartement pour le stockage, de venir ranger, organiser, soulever… On peut quitter le Maroc, mais le Maroc ne nous quitte jamais”, conclut-elle.

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