Enseignement français : la mission, malgré tout

La crise de confiance vis-à-vis de l’éducation française mêle explosion des frais de scolarité et remise en cause de l’excellence académique. Ces doutes annoncent-ils le déclin d’un modèle qui a été le biberon de milliers d’élèves ? Loin de là.

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Frais de scolarité en hausse, “excellence” de l’enseignement remise en question et concurrence d’établissements internationaux sont autant de causes d’une grogne de plus en plus insistante des parents d’élèves marocains.

Une épine dans le pied du ministère des Affaires étrangères français, dont dépend l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE), dont une des missions aujourd’hui est de réussir à inverser une baisse de régime qui pourrait être préjudiciable pour la francophonie à l’international, et notamment au Maroc.

Parce que l’enseignement français dans le royaume, c’est surtout 70% d’élèves marocains sur les 46.500 qui ont fait le choix de rejoindre l’un des 45 établissements homologués par le ministère de l’Education français, faisant ainsi du Maroc le deuxième réseau le plus important au monde.

Découlant d’un système complexe, les écoles ont des statuts différents selon qu’elles soient directement gérées par l’AEFE, ou partenaires homologuées. Mais dans leurs différences, elles trouvent toutes un point commun : elles sont payantes, et de plus en plus chères.

60% en 10 ans

Car la grogne généralisée est due aux frais de scolarité. En moyenne, un élève marocain inscrit dans un établissement AEFE paye 46.200 dirhams pour une année en maternelle, et 51.500 dirhams pour une année de terminale.

Des frais qui n’ont cessé d’augmenter ces dernières années, faisant même manifester des parents jusqu’ici restés discrets. Dès 2019, associations de parents d’élèves et professeurs réunis avaient décrété une “journée école morte”, suivie massivement partout au Maroc, afin de dénoncer la “hausse des frais de scolarité, la baisse des effectifs, et des budgets en berne”, selon le Syndicat national des enseignants de l’époque.

À titre d’exemple, un élève marocain du CP au CM2 payait 36.630 dirhams en 2016-2017, 38.130 dirhams en 2018-2019, et désormais 41.700 dirhams depuis la rentrée 2021. Sans compter des frais d’inscription à l’entrée de 22 000 dirhams. Au total, dès 2019, les frais avaient augmenté de près de 60% en dix ans sur l’ensemble du réseau, selon un rapport de cette année-là, rédigé par la députée française Samantha Cazebonne. Et il semble que cette croissance ne soit pas près de s’arrêter…

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