Ukraine : une école bombardée dans l’est du pays relance les accusations entre Russes et Occidentaux

Une école maternelle a été bombardée ce matin dans l’est du pays. Le gouvernement ukrainien et les séparatistes se jettent la pierre. Cette escalade de violences entre Kiev et les séparatistes pro-russes nourrit les inquiétudes occidentales d’une offensive russe contre l’Ukraine, même si Moscou assure que ses forces retournent vers leurs casernes.

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Un soldat ukrainien à côté d'une école bombardée à Stanytsia Luhanska, en Ukraine, le 17 février 2022. Crédit: Aleksey Filippov / AFP

L’attaque qui a visé, ce jeudi 17 février, une école maternelle dans l’est de l’Ukraine a enclenché un échange d’accusations entre l’Occident et la Russie. En Ukraine, entre le gouvernement et les séparatistes pro-russes.

L’armée ukrainienne a dénoncé une attaque contre la commune de Stanitsa Louganska, située à 30 km des frontières russes, qui a privé la moitié de cette localité d’électricité et laissé un trou d’obus dans le mur d’une école, des briques jonchant une pièce au milieu de jouets d’enfants. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, qualifie l’attaque de “provocation”.

Les séparatistes de Donetsk et Lougansk ont en retour accusé leurs adversaires d’avoir multiplié les tirs à l’arme lourde. Le chef de l’armée de Lougansk, Ian Lechtchenko, a estimé que les forces ukrainiennes essayaient “de pousser le conflit vers une escalade”. Aucun camp n’a fait état de morts. Kiev a annoncé sept blessés : 2 soldats et 5 civils.

Les échanges de tirs dans cette région, le Donbass, ravivent donc la crainte d’une escalade, après une relative accalmie ces dernières semaines.

“Des prétextes à une invasion”

Les États-Unis ont de nouveau accusé la Russie de se diriger vers “une invasion imminente” et affirment n’avoir vu aucun retrait significatif parmi les plus de 100.000 militaires russes déployés dans le voisinage de l’Ukraine.

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Le Premier ministre britannique Boris Johnson a accusé la Russie. “C’est une opération conçue pour discréditer les Ukrainiens, conçue pour créer un prétexte, une provocation fallacieuse justifiant une action russe”, a-t-il déclaré à des journalistes. Britanniques et Américains considèrent que Moscou pourrait aussi préparer un prétexte dans le conflit séparatiste dans l’Est ukrainien pour justifier son intervention.

La cheffe de la diplomatie britannique Liz Truss, en visite à Kiev, a en retour accusé Moscou de chercher à provoquer “des prétextes à une invasion”.

Nous avons vu une augmentation des troupes au cours des dernières 48 heures, jusqu’à 7000 (hommes). Nous avons vu un pont construit depuis le Bélarus, vers l’Ukraine ou près de l’Ukraine”, a déclaré le ministre britannique de la Défense, Ben Wallace, lors d’une réunion à l’OTAN.

La situation est extrêmement dangereuse, selon le Kremlin

Le Kremlin a exprimé une “profonde préoccupation”, jugeant la situation “extrêmement dangereuse” du fait de la “concentration extrême des forces ukrainiennes”.

De son côté, la Russie a annoncé de nouveaux retraits d’unités militaires des abords de l’Ukraine diffusant des images de trains chargés d’équipements et annonçant le retour d’unités dans des casernes du Caucase russe et de la région de Nijni-Novgorod, des régions à bonne distance de la frontière.

Des exercices militaires russo-bélarusses d’ampleur doivent s’achever le 20 février au Bélarus, au nord de l’Ukraine. Minsk et Moscou ont assuré qu’à leur issue les forces russes impliquées retourneront en Russie.

Un soldat russe lors d’un exercice d’entraînement en Biélorussie, le 2 février 2022.Crédit: HANDOUT / RUSSIAN DEFENCE MINISTRY / AFP

D’une autre part, Kiev a vu les livraisons d’armes occidentales augmenter avec les craintes d’invasion, nourrissant la colère des Russes qui estiment en retour que Kiev veut monter une offensive contre les séparatistes de l’Est.

Pour quand un apaisement des tensions ?

En début de semaine, le Kremlin et la Maison Blanche ont pourtant signifié leur disposition à un dialogue approfondi sur l’architecture sécuritaire européenne, dont la Russie réclame une refonte totale, estimant que l’expansion de l’OTAN à ses frontières constituait une menace existentielle.

Les États-Unis ont annoncé avoir reçu jeudi la réponse écrite de la Russie à leurs propositions de négociations sur la sécurité en Europe. Ce début d’apaisement venait parachever des efforts diplomatiques européens, en particulier la double navette des dirigeants français et allemand Emmanuel Macron et Olaf Scholz entre Moscou et Kiev.

Macron et Poutine dans un salon du Kremlin, séparés de plusieurs mètres, une mesure due à la pandémie.Crédit: AFP / Sputnik

Moscou dit vouloir négocier tout en déplorant le rejet par les Occidentaux de ses principales exigences, à savoir la fin de la politique d’élargissement de l’Alliance atlantique et le retrait d’infrastructures de l’OTAN d’Europe de l’Est.

Américains et Européens ont proposé en échange des pourparlers sur des sujets comme le contrôle des armements, les visites d’installations sensibles ou des discussions sur les craintes russes en matière de sécurité. La Russie nie toute velléité belliqueuse vis-à-vis de Kiev, mais en 2014 elle a déjà annexé la Crimée. Elle est en outre le parrain des séparatistes de l’est de l’Ukraine.

(avec AFP)