L’Algérie répond au Maroc qui a reçu, la semaine dernière, Benny Gantz, le ministre israélien de la Défense. Dans une interview publiée lundi 29 novembre dans le quotidien Al Quds Al Arabi, le ministre algérien des Affaires étrangères Ramtane Lamamra a indiqué que l’Algérie allait recevoir, “avant la fin de l’année”, Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité nationale palestinienne.
“Nous recevrons le président palestinien Mahmoud Abbas avant la fin de l’année pour confirmer nos positions historiques en faveur de la cause palestinienne”, a fait savoir le chef de la diplomatie algérienne dans un entretien-fleuve avec le quotidien arabophone, non sans se priver d’un parallèle avec la question du Sahara. Le chef de la diplomatie affirme qu’il y a “un prix à payer”, mais que son pays restera “fidèle à ses principes, à son histoire”.
Ces déclarations interviennent après la visite officielle de Benny Gantz au Maroc. Un voyage de deux jours qui a conduit à la signature du premier accord militaire entre Israël et le Maroc, constituant aussi une première dans le monde arabe. Vu d’Alger, ce rapprochement ne semble pas plaire, comme le confirme la première réaction officielle de Salah Goudjil, le président du Conseil de la Nation, qui estime que l’Algérie est directement “visée” par l’axe Rabat–Tel-Aviv.
“Les pays partisans de la normalisation comme le Maroc, le Soudan et les Émirats arabes unis mettent leurs intérêts avant tout”
Pour Alger, qui reçoit en mars 2022 le sommet de la Ligue arabe, la visite de Mahmoud Abbas est une occasion de se mettre diplomatiquement en avant sur la cause palestinienne. “La relation du Maroc avec Israël, et son impact sur la question du Sahara et la relation d’Israël avec la cause palestinienne à la lumière de la normalisation arabe, façonneront le nouveau monde arabe”, reconnaît Ramtane Lamamra. “Les pays partisans de la normalisation comme le Maroc, le Soudan et les Émirats arabes unis mettent leurs intérêts avant tout. L’Algérie est restée dans une position équilibrée pour la paix avec Israël”, ajoute-t-il.
Difficile pourtant de ne pas voir dans ce positionnement algérien une réponse au message du roi Mohammed VI au Comité des Nations Unies pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien. Le roi appelle à une restauration de la confiance entre Palestiniens et Israéliens pour un retour de la paix dans la région.
“Le Maroc poursuivra ses efforts afin de réunir les conditions propices à un retour des parties à la table des négociations”, appuie le roi dans son message. Il y est question de mettre à profit la position du Maroc et ses relations aussi bien avec Israël qu’avec la Palestine, mais aussi les organisations internationales impliquées dans la question.