Fermeture du gazoduc Maghreb-Europe : la ministre espagnole de la Transition écologique en visite en Algérie

La ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera, doit se rendre ce 27 octobre en Algérie pour trouver une solution à la fermeture du gazoduc Maghreb-Europe (GME) prévue le 31 octobre.

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Teresa Ribera à Madrid, le 11 décembre 2019. Crédit: Cristina Quicler / AFP

La ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera, doit se rendre ce mercredi 27 octobre à Alger pour rencontrer les autorités algériennes et trouver une solution à la fermeture du gazoduc Maghreb-Europe (GME) qui traverse le Maroc et que l’Algérie envisage de fermer le 31 octobre, rapporte El País.

Un tiers de l’électricité espagnole

Selon le quotidien espagnol, Teresa Ribera a été chargée de diriger les négociations avec l’Algérie et le Maroc, auxquelles participe également le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares. “Les contacts, qui se sont intensifiés à l’approche de l’échéance du 31 octobre (date de fin du contrat qui lie depuis 25 ans les trois parties, ndlr), ont été menés dans la plus grande discrétion”, précise El País. Albares a notamment rencontré le président algérien Abdelmadjid Tebboune fin septembre, visite pendant laquelle le sujet a été abordé.

L’Algérie, qui a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc au mois d’août, avait annoncé que son gouvernement acheminerait tout le gaz qu’il exporte vers l’Europe via un autre gazoduc, le Medgaz. Celui-ci relie directement les champs algériens de Hassi R’mel à la ville d’Almeria en Espagne en passant sous la mer Méditerranée.

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“Le problème pour l’Espagne est désormais de s’assurer que la même quantité de gaz que le GME transporte à travers le Maroc (jusqu’à 13 500 millions de mètres cubes par an, ndlr) continuera à atteindre la péninsule, ce qui représente un tiers de l’électricité consommée par le pays”, souligne le quotidien espagnol.

Répercussions au Maroc

La fermeture du gazoduc aura aussi des conséquences directes pour le Maroc. Selon le journal, Rabat obtient entre 50 et 200 millions d’euros par an de “droits de passage”, un chiffre qui varie en fonction de la quantité de gaz qui transite par le royaume. Il obtient également 800 millions de mètres cubes par an de gaz algérien à un prix stable, utilisé pour alimenter les centrales de Tahaddart (dans la région de Tanger) et d’Ain Beni Mathar (à Oujda), qui couvrent environ 10 % de la production électrique marocaine, indique El País.

“Le Maroc pourrait demander à l’Espagne d’envoyer du gaz par le gazoduc GME dans le sens inverse. Mais nous ne savons pas comment l’Algérie réagirait si l’Espagne était d’accord”

Une source proche du dossier

La fermeture du gazoduc par l’Algérie pourrait également pousser le Maroc à demander à l’Espagne de lui fournir du gaz via le GME. Une source espagnole proche du dossier, qui a requis l’anonymat, a ainsi confié à El País que “le Maroc pourrait demander à l’Espagne d’envoyer du gaz par le gazoduc GME dans le sens inverse. Mais nous ne savons pas comment l’Algérie réagirait si l’Espagne était d’accord”.

Parmi les autres alternatives qui s’offrent au Maroc, celui-ci pourrait augmenter sa demande d’électricité auprès de l’Espagne, à travers les deux câbles électriques sous-marins qui relient les deux pays. Une mesure qui pourrait affecter le marché espagnol de l’énergie.

“Le problème, c’est que le Maroc achète de l’électricité à l’Espagne via l’entreprise publique ONEE (…). Et l’ONEE, contrairement aux entreprises espagnoles comme Iberdrola, Endesa ou Naturgy, n’est pas soumise à la taxe sur la valeur de la production d’électricité, indique une source au quotidien espagnol. Toutes les entreprises marocaines, qui ne paient pas de droits d’émission, bénéficient d’une charge fiscale et réglementaire moindre. Ainsi, l’Espagne subventionnerait indirectement l’énergie que le Maroc consomme.”