Dans un contexte de crise diplomatique, l’Algérie brandissait cette menace depuis l’été contre le Maroc. À cinq jours de l’expiration du contrat qui lie les deux pays jusqu’au 31 octobre, des sources algériennes citées par l’agence Reuters ont indiqué que l’Algérie cesserait toute exportation de gaz naturel vers le Maroc via le gazoduc Maghreb-Europe.
Le voisin de l’est continuera d’approvisionner l’Espagne via le gazoduc sous-marin Medgaz dont il veut accroître les 8 milliards de mètres cubes de capacité annuelle. Le Maroc, par lequel transitait le gazoduc Maghreb-Europe, devrait quant à lui perdre le milliard de mètres cubes exportés chaque année par l’Algérie. Ce gaz naturel représentait en partie des droits de passage pour le transit du GME par le Maroc afin d’approvisionner l’Espagne et le Portugal.
Pour autant, les confidences des sources de Reuters n’apportent qu’un cachet officieux à une annonce à laquelle tous les analystes s’attendent à quelques jours de l’expiration du contrat. À la mi-octobre, répondant à des questions de la presse locale, le président algérien Abdelmadjid Tebboune avait laissé entendre une entente avec l’Espagne sur l’exportation de gaz et l’abandon probable d’une livraison via le Maroc. L’entente évoquée faisait suite à la visite à Alger de José Manuel Albares, ministre espagnol des Affaires étrangères, chez son premier fournisseur de gaz naturel.
Cette menace algérienne est l’un des derniers actes de la crise politico-diplomatique entre le Maroc et l’Algérie. Fin août, invoquant des “actions hostiles”, cette dernière avait décidé de rompre ses relations diplomatiques avec le Maroc. Une décision “complètement injustifiée”, avait alors rétorqué Rabat. Depuis, plusieurs sorties médiatiques de responsables algériens exacerbent les tensions entre les deux pays.