Le 29 septembre 2020, lors d’un débat de l’émission « Face à l’info » sur Cnews consacré à la question des mineurs isolés après un attentat devant les ex-locaux de Charlie Hebdo, Eric Zemmour avait déclaré: « ils n’ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c’est tout ce qu’ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu’ils viennent ». Deux jours plus tard, le parquet de Paris avait ouvert une enquête afin d’examiner si ces propos pouvaient faire l’objet de poursuites devant le tribunal correctionnel.
Une semaine auparavant Eric Zemmour avait été condamné à 10.000 euros d’amende, déjà pour « provocation à la haine raciale » et « injures publiques à caractère raciste », pour une diatribe sur l’islam et l’immigration lors d’un rassemblement politique à l’automne 2019, diffusée en direct sur LCI. « Je m’étonne que ce soit encore le parquet qui décide de poursuivre mon client, et non les associations« , a commenté Me Olivier Pardo. S’affichant serein face à cette nouvelle échéance judiciaire, Me Pardo a souligné que « M. Zemmour a été poursuivi 12 fois et nous avons gagné 10 fois: une condamnation n’avait pas été contestée en appel par choix et l’autre« , pour le discours sur LCI, « est pendante devant la Cour européenne des droits de l’Homme » (CEDH) pour des propos en 2016 sur les musulmans.
Pour les déclarations sur Cnews, le Conseil supérieur de l’audiovisuel a d’ores et déjà sanctionné la chaîne d’information du groupe Canal+ d’une amende de 200.000 euros, en mars dernier, pour « incitation à la haine » et « à la violence ». Le Groupe Canal+ avait dans la foulée « déploré » une décision contrevenant « au principe de liberté d’expression » et annoncé vouloir « mettre en oeuvre les voies de recours possibles dans les plus brefs délais« .
Dans cette affaire, les associations SOS Racisme, la Licra et la Maison des Potes avaient annoncé leur intention de se constituer parties civiles. Depuis son arrivée en octobre 2019 sur CNews, en pleine polémique sur ses propos sur l’islam, les plaintes se sont multipliées à l’encontre de la chaîne d’info et du polémiste qui a dopé ses audiences, « Face à l’info » réunissant en moyenne 700.000 téléspectateurs. Visé dans la presse par plusieurs accusations d’agressions sexuelles, l’écrivain et journaliste a aussi été épinglé pour l »outrance » de ses déclarations par le comité d’éthique de Canal+. Eric Zemmour, à qui sont prêtées avec insistance des intentions présidentielles, n’a jamais fait part explicitement d’un tel projet, mais l’association de financement du parti « Les amis d’Eric Zemmour » a été agréée le 1er juillet par la Commission nationale des comptes de campagne.