Le ftour avec... Mehdi Bensaid : “Le PAM sera le premier parti du royaume si nos 78 députés ancrés localement regagnent leurs sièges”

Le membre du bureau politique du PAM et ex-parlementaire du parti nous raconte ses petites habitudes ramadanesques à l’heure du ftour, et bien plus. Entretien.

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Mehdi Bensaid. Crédit: DR

TelQuel : Avant le ftour, vous êtes plutôt sport ou canapé?

Mehdi Bensaid : Jusqu’à 17 h-18 h, je suis au parti. Nous avons des responsabilités locales, régionales et nationales. La semaine dernière, nous avons fait des allers-retours entre Fès, Meknès et Taounat. Et quand ce n’est pas un travail au niveau national, j’ai ma candidature locale.

Quand j’ai du temps, j’en profite pour marcher un peu ou courir pour évacuer le stress accumulé. Aujourd’hui, je suis consacré à 70 % au parti, et à 30 % à mon travail.

Et lorsque le ftour approche, vous êtes derrière les fourneaux ou déjà à table?

Ça dépend si ma femme a besoin de moi (rires). Généralement, je suis épuisé. Mais j’essaie d’aider comme je peux pour préparer la table.

À l’heure du ftour, vous dévorez quoi en premier?

De l’eau, et un jus. Je commence ensuite par le salé, avant de passer au sucré.

Vous privilégiez donc un seul repas et non plusieurs pendant vos soirées ramadanesques…

Un seul repas jusqu’à 21 heures.

Et vous vous réveillez pour le shour?

Non. Je dors avec une bouteille d’eau à côté de moi.

Pour l’animation, vous êtes plutôt télévision ou radio sur fond de tarrab al andaloussi ?

J’en profite pour rester avec mes enfants jusqu’à ce qu’ils dorment. Une soirée sur deux, de 21 h à 23 h, je fais des réunions à distance à travers Zoom. Sinon, j’en profite pour rester avec ma femme ou pour bouquiner.

Vous êtes plutôt lectures spirituelles ou littéraires pendant le ramadan ?

Durant les ramadans normaux, je mélangeais entre lectures en relation avec la géopolitique le matin, et lectures spirituelles pour les soirées.

Vous étiez pour que les cafés restent ouverts après le ftour ?

J’aurais proposé que les cafés restent ouverts au moins jusqu’à 20 h 30 ou 21 h, et qu’ils puissent bénéficier de l’ouverture du ftour. Ça aurait été profitable pour l’économie et pour les cafés qui souffrent beaucoup. Certains vont devoir fermer dans un futur proche. On aurait pu diminuer la problématique économique et sociale dont souffrent les travailleurs dans les cafés.

Pareil pour les mosquées ?

On aurait pu faire comme pour la prière de la joumoua (vendredi, ndlr) où il faut respecter la distanciation. On aurait pu réfléchir dans ce sens-là et non pas laisser les mosquées ouvertes jusqu’à minuit. La prière de l’âchaa se fait vers 20 h 30. Avec une réglementation stricte, les gens auraient pu vivre cet esprit ramadanesque.

On raconte que le groupe parlementaire du PAM serait en conflit total avec le bureau politique dont vous êtes l’un des membres. L’atmosphère du ramadan ne peut-elle pas adoucir le ton de part et d’autre ?

Au contraire, le débat se déroule bien au sein du parti. Il y a eu des discussions par rapport aux candidatures des uns et des autres à la veille de ces élections. C’est le débat du moment. Ce qui nous inquiète, c’est la mise en pratique de la mesure phare prise par le roi dans le domaine de la couverture universelle.

Nous sommes en train d’étudier cette question au sein de la commission qui prépare le programme électoral. Seuls les partis politiques qui ont une fibre sociale peuvent porter ce projet de manière naturelle et non pas superficielle.

Le différend porterait sur les interventions orales des députés PAM au Parlement. Vous confirmez ?

Le bureau politique n’a rien à voir avec la programmation des questions orales au Parlement. Cela n’a jamais été débattu en son sein depuis 2009. C’est le groupe parlementaire qui s’occupe de ces questions.

Sur le volet politique, les députés PAM au sein des commissions, ou en plénière, affichent un positionnement clair par rapport à des questions d’actualité, comme c’est récemment le cas pour le projet de loi sur la légalisation du cannabis.

Serait-il juste de dire que le PAM version 2021 souffre du phénomène de transhumance politique ?

Absolument pas. Si on compte les députés qui ont gagné localement et non pas sur les listes nationales, et sans compter les circonscriptions où on a eu deux sièges, nous avons 78 parlementaires ancrés dans leurs circonscriptions locales. Numériquement, si ces 78 regagnent, je pense qu’on sera le premier parti du royaume.

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S’il y a des transferts, ce sera évidemment en notre défaveur. On parle de deux ou trois parlementaires qui veulent quitter le PAM. C’est leur droit que nous respectons. Mais il y aura des jeunes qui vont créer la surprise, et des députés sortants qui ne souhaitent plus se représenter. Il a fallu faire un travail de terrain pour donner l’accréditation aux candidats en phase de gagner, et qui respectent notre projet de société. 

Vous êtes candidat à la députation de l’arrondissement de Rabat-Océan. Vous vous sentez déjà en campagne électorale ?

Je considère que le travail politique est continu. La campagne électorale ne vient que pour refléter le travail qui a été fait les quatre ou cinq dernières années. J’ai commencé mon travail de terrain au lendemain des élections de 2016, avec un tissu associatif et des militants politiques qui ont diffusé notre discours.

Pour moi, la campagne électorale réglementaire qui démarre 15 jours avant le vote n’est qu’une évaluation de ce que j’ai pu faire durant cinq ans.

Votre secrétaire général a enclenché récemment une vive polémique sur la distribution de qoffas ramadanesques à des fins électoralistes. Voudrait-il dire qu’il interdit à tout membre du PAM d’initier en personne une quelconque œuvre caritative ?

Certains membres du PAM, y compris moi-même, avons fait des œuvres caritatives, mais pas à l’approche des élections. C’était pour des petits groupes de gens absolument dans le besoin, sans demander à quiconque de donner sa carte nationale, ni chantage d’adhésion au parti.

Quand on travaille dans le secteur associatif et politique, on est en contact avec des associations qui nous demandent un soutien pour des familles. Généralement, ce sont des participations indirectes via des gens de confiance.

Ce qui a été critiqué par notre secrétaire général, c’est la façon dont Aziz Akhannouch a monnayé l’adhésion de son parti aux qoffas distribuées à la veille des élections. Ce n’est pas que le RNI qui est visé. Le PJD a fait ça pendant des années. Ce n’est pas une critique nouvelle.

Les gens sont intelligents, mais il ne faut pas user des moyens financiers qu’ont certaines personnes ou organismes à des fins électoralistes.