Un avis du Comité national scientifique, établi lors d’une réunion le 6 février, est favorable à la vaccination des personnes de plus de 60 ans avec le vaccin développé par le laboratoire pharmaceutique chinois Sinopharm.
De la même manière que pour le vaccin AstraZeneca-Oxford, autorisé aux personnes âgées par ce même conseil scientifique, l’utilisation du vaccin de Sinopharm pour cette couche de population est “maintenue”, notamment au vu du risque d’infection auquel sont confrontés les plus de 60 ans.
Entre les deux avis cependant, la méthodologie d’approbation est cette fois-ci documentée par des données publiées dans des revues scientifiques ou bien issues des chiffres du ministère de la Santé sur la campagne en cours.
Au 6 février, et alors que plus de 36.000 doses du vaccin Sinopharm avaient déjà été administrées, seuls huit cas d’effets indésirables “mineurs” se sont fait ressentir chez les plus de 60 ans, d’après les chiffres du centre antipoison et de pharmacovigilance. Un taux de notification correspondant à 2,2 cas pour 10.000, “considéré comme rare”, de l’avis du Comité.
Wuhan, Pékin, même rengaine et toujours pas d’éclaircissement
Pour étayer ses conclusions sur l’administration du vaccin développé par Sinopharm, le comité scientifique est revenu sur les essais cliniques des trois phases, dont la dernière est toujours en cours. Ainsi, l’un des points cités revient sur “l’immunogénicité globale du vaccin Sinopharm”, lors des phases I et II, considérée par le Comité comme “excellente”, avec un taux de séroconversion établi “entre 97 % et 100 % après deux injections”.
Reste qu’en guise de détails, ce sont les deux vaccins développés par Sinopharm, respectivement ceux élaborés dans les laboratoires de Pékin et de Wuhan, qui sont cités. De quoi maintenir l’imbroglio autour de l’usage de ces deux vaccins. Alors que le Maroc semblait parti pour recevoir le produit développé par Wuhan, c’est avec le vaccin sur lequel a travaillé le laboratoire de Pékin qu’il mène sa campagne de vaccination. Un point sur lequel le ministère de la Santé ne donne toujours pas d’éclaircissements.
Le document ne s’y trompe pas. Revenant sur les résultats préliminaires de la phase III toujours en cours, il est mentionné que les essais concernant le vaccin de Wuhan, “dont une partie s’est déroulée au Maroc”, ont inclus des personnes de 60 ans et plus et ont “montré une bonne tolérance chez cette population”.
Les plus de 60 ans enregistrent 75 % des décès liés au Covid-19
Dans la démonstration du conseil, il est également fait mention de l’immunogénicité du CoronaVac, un autre vaccin développé par la Chine et le laboratoire Sinovac. Celui-ci a reçu le feu vert des autorités chinoises le 7 février, pour une utilisation “sous condition”. Le vaccin a déjà été utilisé pour vacciner certaines populations “à risque”, mais cette autorisation permet de l’utiliser pour le grand public.
“L’immunogénicité du CoronaVac, vaccin inactivé chinois fabriqué selon le même procédé que le vaccin Sinopharm, évaluée chez les personnes âgées de 60 ans et plus, atteint un taux de séroconversion de 99 % après deux injections”, estime le Comité, citant une étude publiée le 3 février dans la revue The Lancet.
Dans un communiqué publié le 6 février par SinoVac, le laboratoire chinois estimait que “les résultats montrent que le vaccin est sûr et présente un effet immunogène sur les personnes de toutes les tranches d’âge”. Selon le laboratoire chinois, les tests à grande échelle au Brésil ont montré un taux d’efficacité globale du vaccin d’environ 50 % pour empêcher l’infection, et de 80 % pour éviter les cas nécessitant une intervention médicale.
Alors que la vaccination des personnes âgées devient un sujet de doute et de réticence à l’international, le Comité semble jouer la carte de l’apaisement en rendant des avis favorables pour les vaccins dont dispose le Maroc pour mener sa campagne. C’est qu’elle est cruciale. Les plus de 60 ans représentent dans le royaume plus de 20 % de la population générale. Une tranche d’âge qui enregistre, d’après les chiffres de la Direction de l’épidémiologie et de lutte contre les maladies (DELM), 16,7 % des cas de contamination au SARS-CoV-2 et 75 % des décès qui y sont liés.