Le candidat issu des accords de Skhirat, en 2015, s’apprête à passer la main. Le chef du Gouvernement d’union nationale (GNA) libyen, Fayez al-Sarraj, a annoncé, ce mercredi 16 septembre, être prêt à quitter ses fonctions avant fin octobre pour céder la place à un nouvel exécutif issu de pourparlers interlibyens visant à parvenir à une issue politique à la crise que connaît le pays.
“J’annonce à tous mon souhait sincère de céder mes fonctions à un prochain pouvoir exécutif avant fin octobre au plus tard”, a-t-il déclaré lors d’une brève allocution télévisée. Celui qui se dit prêt à quitter le gouvernement de Tripoli, après cinq années à batailler pour asseoir sa légitimité, est également l’interlocuteur libyen qui avait les faveurs du Maroc pour installer “une solution libyenne pour la Libye” chère à la diplomatie chérifienne.
Formation d’un nouveau Conseil présidentiel
Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est plongée dans un chaos politique où deux autorités se disputent le pouvoir : le GNA, basé à Tripoli et reconnu par l’ONU, et un pouvoir incarné par le maréchal Khalifa Haftar, qui règne sur l’Est et une partie du Sud.
En avril 2019, le maréchal Haftar avait lancé une offensive contre la capitale mais au bout de 14 mois de combats meurtriers, ses troupes, malgré le soutien de l’Égypte, des Émirats arabes unis et de la Russie, ont subi une défaite cinglante face aux forces pro-GNA, aidées militairement par la Turquie.
Depuis, les rivaux libyens ont retrouvé le chemin du dialogue et des rencontres se sont déroulées parallèlement à Montreux, en Suisse, du 7 au 9 septembre, et à Bouznika, au Maroc, du 6 au 10 septembre pour relancer le dialogue et trouver une solution politique à la crise libyenne.
Les commissions chargées de former un nouvel exécutif doivent désormais “choisir un nouveau Conseil présidentiel et nommer un nouveau chef de gouvernement qui prenne ses fonctions de manière pacifique”, a souligné Fayez al-Sarraj, se félicitant des “recommandations préliminaires et prometteuses” des rencontres de Montreux et de Bouznika annonçant une “nouvelle phase en vue de réunifier les institutions et préparer des élections”.
Un consensus difficile à atteindre
Désigné à la tête du GNA, sous l’égide de l’ONU, Sarraj n’avait pu s’installer dans la capitale Tripoli qu’en mars 2016 alors qu’une multitude de milices y faisaient la loi.
Dans un climat politique et social “extrêmement polarisé”, il a cherché à atteindre “le plus de consensus possible” entre les différentes parties “mais les difficultés ont été insurmontables”, a-t-il indiqué dans son allocution.
Encore aujourd’hui, “certaines parties s’obstinent à parier sur la solution militaire pour servir leurs objectifs”, a regretté M. Sarraj.
(avec AFP)