Après plusieurs semaines d’accalmie, voilà que les tensions repartent de plus belle au PAM. Le nouveau secrétaire général du parti a décidé de démettre de ses fonctions Mohamed Aboudrar, président du groupe parlementaire du parti. La raison ? “Des agissements individuels inacceptables de Mohamed Aboudrar, liés à la gestion quotidienne et politique du groupe parlementaire Authenticité et modernité au sein de la Chambre des représentants”, lit-on dans un communiqué diffusé le 9 avril. “Après une large concertation avec les membres du bureau politique de droit, nous, secrétaire général du parti, avons décidé de le démettre de ses fonctions”, ajoute solennellement le document.
À noter que si les membres du bureau politique n’ont toujours pas été élus à cause des mesures préventives contre le coronavirus, “le communiqué parle de ceux élus de droit, à savoir le secrétaire général, la présidente du Conseil national, les présidents de régions et les présidents des deux groupes”, précise un cadre du parti proche d’Abdellatif Ouahbi en off.
Une décision illégale pour Aboudrar
C’est le député Rachid Abdi qui a été chargé de coordonner les travaux du groupe parlementaire, jusqu’à la levée de l’état d’urgence sanitaire et la possibilité de tenir une réunion du groupe afin d’élire un nouveau président. Une lettre notifiant l’éviction du député Mohamed Aboudrar a aussi été envoyée au président de la première chambre, Lahbib El Malki.
“On ne peut pas démettre le président d’un groupe parlementaire sur la base d’une correspondance, ce n’est pas possible”
“Le communiqué et la lettre du secrétaire général du parti ne reposent sur aucune base juridique. On ne peut pas démettre le président d’un groupe parlementaire sur la base d’une correspondance, ce n’est pas possible, sinon ce serait le chaos total !” nous déclare Mohamed Aboudrar.
Il estime par ailleurs que les motifs de son évincement ne sont pas valables : “Comment pourrais-je prendre des décisions unilatérales alors que la session parlementaire vient tout juste de s’ouvrir ? La seule décision prise, c’est la manière dont le groupe va s’adapter à la pandémie de coronavirus.” Et d’ajouter : “Nous vivons aujourd’hui une crise sanitaire sans précèdent et ce qui importe au secrétaire général du parti, c’est de remplacer illégalement le président du groupe parlementaire. Cette tentative de semer la zizanie au sein du parti est vraiment mal placée.”
Visiblement pas convaincu par la missive d’Abdellatif Ouahbi, le député voit les raisons de son éviction ailleurs. “Depuis son élection à la tête du parti, Ouahbi veut avoir son mot à dire sur tout ce qui concerne le groupe. Or, le secrétaire général donne les grandes orientations politiques, la gestion quotidienne du groupe n’est pas de son ressort”, s’exclame notre interlocuteur. Il estime aussi que cette volonté “est liée à des tractations qui se sont jouées en coulisses de la course au secrétariat général du parti. C’est à ce moment-là qu’ils se sont distribué les parts du gâteau. Cette éviction a été décidée bien à l’avance !”
“Avoir un président de groupe fort et jeune”
La proximité de Mohamed Aboudrar avec Hakim Benchamach lui a-t-elle coûté son poste ? Que nenni, répond l’intéressé : “Hakim Benchamach est une personne que je respecte et estime. Je me suis conformé à ses décisions lorsqu’il était à la tête du parti tout en veillant à garder la cohésion de notre groupe dans les moments les plus difficiles. Mais quand Ouahbi s’est présenté, je l’ai ouvertement soutenu, il n’y a pas d’ambiguïté là dessus.”
“Dès que le confinement sera levé, l’élection du nouveau président du groupe va se faire”
De son côté, un proche du nouveau secrétaire général, ayant requis l’anonymat, acquiesce, mais ajoute : “La décision d’Abdellatif Ouahbi n’a rien de personnel. Il a eu des échos de la volonté d’une grande majorité des députés de remplacer Aboudrar et d’avoir un président de groupe fort et jeune, à l’approche des élections législatives”. “Dès que le confinement sera levé, l’élection du nouveau président du groupe va se faire”, tranche notre source.
Mohamed Aboudrar ne l’entend pas de cette oreille, tenant à sa fonction de président de groupe. “Dans les circonstances actuelles, la responsabilité que j’endosse m’impose de continuer le travail à la tête du groupe. D’ailleurs, la majorité écrasante des députés ne souhaitent pas que le parti s’enfonce dans des conflits dans une situation pareille, nous confie-t-il. Et dès que la pandémie sera derrière nous, je convoquerai une réunion pour examiner ce sujet et si les députés souhaitent élire un nouveau président, un vote va être organisé !”