"Felsafa f zen9a" : un activiste placé en garde à vue

L’activiste Younes Benkhdim a été placé en garde à vue le 28 janvier à Rabat suite à un happening de “Felsafa f zen9a” (philosophie dans la rue) consacré à la question de la détention politique.

Par

Younes Benkhdim. Crédit: Facebook

Deux activistes, Nabil Belkabir et Younes Benkhdim, ont été interpellés le mardi 28 janvier à Rabat alors qu’ils prenaient part à Felsafa f zen9a (philosophie dans la rue), un rendez-vous de débat ouvert à tous en place publique, consacré cette fois à la question de la détention politique.

Si Nabil Belkabir a été relâché dans la nuit, Younes Benkhdim est “toujours en garde à vue” selon plusieurs militants et acteurs associatifs, dont Youssef Raissouni, membre de l’Association marocaine des droits humains (AMDH).

Mise en abyme

“Felsafa f zen9a a pris place au niveau de la place de la poste au centre-ville. Durant une heure, nous avons pu discuter de la question de la détention politique, de la situation de la démocratie et du resserrement de l’étau autour de la liberté d’expression au Maroc. Il y avait à peu près une soixantaine de personnes qui interagissaient, donnaient leur avis, jusqu’au moment où un policier a agressé physiquement Younes Benkhdim, le modérateur et initiateur du débat”, nous explique Nabil Belkabir.

J’ai essayé d’interférer pour calmer la situation, mais on a finalement tous les deux été embarqués au poste de police”, ajoute l’activiste membre de Tilila, une structure qui promeut “la construction de l’esprit critique et du savoir collectif essentiels à une société autonome, émancipée et solidaire”.

Après leur arrivée au commissariat, Nabil Belkabir est relâché alors que son acolyte est placé en garde à vue. “On ne m’a pas interrogé… on m’a simplement dit que je pouvais partir tandis que Younes allait rester. Je ne comprends pas cet acharnement alors qu’on était simplement en train de débattre”, soupire Belkabir. Il précise que récemment, l’activiste “a entrepris une tournée dans plusieurs villes pour discuter de la détention politique. Il y a d’ailleurs quelques jours, alors qu’il animait un débat dans l’espace public à Agadir, il a été interpellé puis relâché”. Contactée par TelQuel, la Direction de la sûreté nationale n’a pas donné suite à nos sollicitations.

Prémices de mobilisation

Aujourd’hui, nous suivons de près ce dossier. Nous attendons de savoir si Younes Benkhdim va être déféré ou pas devant le procureur du roi pour agir”, nous indique Hakim Sikouk, activiste et membre de l’association des enseignants de philosophie.

Sur les réseaux sociaux, plusieurs militants et journalistes se sont solidarisés avec Younes Benkhdim. C’est le cas du journaliste et militant des droits humains Omar Radi, poursuivi en état de liberté provisoire pour “outrage à magistrat”. “Younes Benkhdim est officiellement en garde à vue. Il dormira à la préfecture de police de Rabat. Ce soir, il a pris la parole en public pour critiquer la vague de détention qui vise les activistes marocains”, écrivait-il hier sur Twitter.