Rabia Assoul, marchande de matériel de couture, a remporté le titre de naiba de la communauté soulaliyate de Ouled Ahmed Souk Larbaa, le 21 décembre.
Une élection à 135 voix pour et 99 contre, avec un taux de participation de 63,75 % sur 371 membres des communautés soulaliyates enregistrés sur la liste des électeurs. Une première, étant donné qu’elle s’est hissée à cette fonction suite à une élection, là où précédemment s’appliquait une nomination par un collège de douze personnes.
“Je suis surprise par cette victoire”, a confié Rabia Assoul à la MAP. Un étonnement d’autant plus grand pour cette mère d’un enfant, que ce poste a “toujours été l’apanage exclusif des hommes”. Et de rappeler : “La place de la femme était marginalisée, sans voix, n’ayant même pas le droit de participer ni à la nomination ni à l’exploitation avant le discours de Mohammed VI, et les lois prévues par la Constitution ne viennent pas soutenir le droit de la femme soulaliya à l’exploitation sur le même pied d’égalité que l’homme.”
Un programme ambitieux
Le programme électoral de l’heureuse élue se décline en plusieurs axes. C’est ainsi qu’elle a tenu à aborder la délimitation administrative des terres collectives de Ouled Ahmed, la révision de tous les contrats de bail relatifs aux terres de cette communauté, ainsi que la récupération des terres acquises illicitement.
Rabia Assoul a également placé au cœur de ses ambitions l’exploitation de certaines terres collectives dans des projets rentables au profit des membres des communautés soulaliyates, la gestion transparente et efficace des ressources financières, et la création d’un siège de l’institution du naib et du conseil des représentants. Ce dernier point vise à “permettre aux personnes concernées de rester au fait des questions liées à la communauté soulaliyate”, a-t-elle détaillé à la MAP.
En ce qui concerne les propositions que la nouvelle représentante souhaite soumettre au ministère de l’Intérieur en sa qualité de ministère de tutelle chargé des communautés soulaliyates, elles comprennent : l’organisation d’une formation en faveur des nouveaux représentants à la gestion de la communauté soulaliyate ; la création d’un numéro vert afin de consulter l’autorité chargée des affaires des soulaliyates en cas d’urgence ; la tenue d’une réunion annuelle des élus des communautés soulaliyates au niveau national ; et la généralisation de cette expérience à l’ensemble des communautés soulaliyates du Maroc.
Une pétition pour le changement
Dans ce même sillage, Rabia Assoul a salué le rôle de l’association des représentants des familles de la communauté soulaliyate, de Ouled Ahmed Souk Larbaa dans la réussite de l’expérience de cette communauté, grâce à son “travail inlassable”. Un effort visant à unir les membres la communauté, à consolider la communication entre eux, à créer une association regroupant la communauté soulaliyate de Ouled Ahmed. Mais l’association a aussi créé un forum pour communiquer avec les membres de la communauté soulaliyate qui résident à l’extérieur du village ou à l’étranger, et organisé des campagnes de sensibilisation aux droits des ayants droit, en particulier les femmes.
Rabia Assouli a décrié le fait qu’un black-out “systématique” ait été instauré à l’égard des droits des communautés soulaliyates (seules trois ou quatre personnes connaissent les propriétés de la communauté soulaliyate). Elle a ainsi fait savoir qu’une pétition avait été signée par 150 membres de la communauté, et soumise aux autorités afin d’exiger le changement du naib occupant ce poste depuis plus de deux décennies, et dont l’âge et l’état de santé ne lui permettent plus d’exercer ses fonctions.
Des réunions ont été tenues avec l’autorité de tutelle afin de nommer un nouveau représentant, sans aboutir à un accord, ce qui a poussé à réaliser des élections pour la première fois dans l’histoire de la communauté soulaliyate au Maroc.
(avec MAP)
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