Cela fait dix ans qu’elles luttent. Depuis 2007, les femmes soulaliyates réclament le droit de bénéficier des indemnités de cession des terres collectives au même titre que les hommes. Ces terres collectives, estimées à 15 millions d’hectares au Maroc, sont sous tutelle du ministère de l’Intérieur et sont régulièrement vendues. La Ligue marocaine pour la citoyenneté et les droits de l’Homme (LMCDH) estime à six millions le nombre de ces femmes exclues du partage de la terre des tribus lors de ces transactions. Certaines se retrouvent alors sans logement et sans les compensations financières de la cession des terres.
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Après dix ans de lutte et au moment de la journée internationale de la femme du 8 mars, la LMCDH publie une étude sur le profil de ces femmes qui se battent pour l’égalité des genres. L’enquête se base sur l’interview de 3.000 femmes soulaliyates âgées de 17 à 99 ans et issues de quatre régions du Maroc (Gharb, Salé-Rabat, Béni Mellal et Taroudannt).
Des femmes peu instruites
Selon l’étude, la classe d’âge la plus représentée chez les femmes soulaliyates est celle de 38 et 57 ans, suivie de près par la catégorie des 28-37 ans. « Mais la lutte pour l’équité commence chez les jeunes dès 17 ans jusqu’à 78« , nous précise Driss Sedraoui, président de LMCDH. « Très peu de femmes ont acquis un diplôme (3%)« , déplore-t-il. La grande majorité n’a en effet reçu aucune éducation (58%) alors que 44% sont allées jusqu’au niveau du secondaire.
Des femmes peu autonomes
Ces femmes qui se battent pour leurs terres sont pour la plupart mariées (65%), tandis que les autres sont principalement veuves (14,5%) et célibataires (13%). Très peu d’entre elles sont divorcées (6,9%). Pourtant, si 59,5% des femmes soulaliyates habitent dans le domicile conjugal, le rapport de la LMCDH explique qu’elles sont « de plus en plus nombreuses à vivre en dehors » pour cause de divorce, veuvage ou manque d’argent.
Les femmes soulaliyates sont à grande majorité des femmes au foyer (58,3%), tandis que 25,6% n’ont pas de profession. 4,2% exercent un travail journalier, 3,8% sont fonctionnaires, et 1,9% gèrent un petit commerce.
Dans 57% des cas, c’est donc leur mari qui prend en charge la famille. Mais juste après viennent celles qui se prennent en charge (15,3%), puis celles dont les enfants s’occupent de la famille (11,5%).
Communauté soudée
Le rapport évalue aussi le niveau de militantisme de ces femmes soulaliyates. Un tiers d’entre elles disent participer « tout le temps » aux veillées organisées pour leurs droits, alors qu’un autre tiers dit y aller « parfois« . Le tiers restant n’y va jamais. Pourtant, la moitié d’entre elles affirme n’avoir aucune affiliation à une association qui défend leurs droits. Soutenues par la LMCDH, les femmes soulaliyates comptent aussi sur l’appui de l’Association de droits des femmes au Maroc (ADFM) depuis le début de leur lutte en 2007.
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