Accusé de dépenses "fastueuses" , François de Rugy démissionne

Le numéro deux du gouvernement français, François de Rugy, englué dans une série d'accusations sur son train de vie "fastueux", a annoncé mardi sa démission du ministère de l'Ecologie, l'une des priorités affichées du président Emmanuel Macron.

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AFP

Cette démission ouvre une nouvelle période de vacance à ce ministère, onze mois après la démission de son médiatique et populaire prédécesseur Nicolas Hulot, qui avait claqué la porte en dénonçant l’inaction au gouvernement. A 45 ans, M. de Rugy, ancien membre du parti écologiste rallié au président Macron, était sur la sellette depuis plusieurs jours après des révélations en cascade du site d’information Mediapart.

Le site a d’abord épinglé ses dîners fastueux à l’Hôtel de Lassay, résidence de M. de Rugy lorsqu’il présidait l’Assemblée nationale (2017-2018). Homards, champagne et grands crus des caves de l’Assemblée étaient servis à des tablées de dix à trente invités, essentiellement des relations et amis de son épouse, Séverine de Rugy, journaliste au magazine people Gala, selon Mediapart. Ont ensuite été pointés un logement à loyer modéré indûment occupé par sa directrice de cabinet, qui a été immédiatement limogée, et de coûteux travaux dans son propre appartement de fonction au ministère.

M. de Rugy a expliqué que ces « dîners informels » faisaient partie d’un « travail de représentation » au titre de ses fonctions et nié toute « soirée fastueuse » ou travaux injustifiés. Mais il a peiné à convaincre dans un pays agité par sept mois de fronde des « gilets jaunes » contre les injustices sociales. Et les appels à la démission se sont multipliés jusqu’au sein du parti présidentiel La République en Marche.

De Belgrade où il était en visite, Emmanuel Macron avait dit lundi avoir « demandé au Premier ministre d’apporter toute la clarté » sur cette affaire afin de prendre des décisions sur la base « de faits« , estimant que « sinon, ça devient la République de la délation« . Le numéro deux du gouvernement, qui devait présenter mardi au Sénat le projet de loi énergie et climat et faire face auparavant à une séance de questions à l’Assemblée nationale s’annonçant houleuse, a fini par jeter l’éponge.

« Les attaques et le lynchage médiatique dont ma famille fait l’objet me conduisent aujourd’hui à prendre le recul nécessaire (…) La mobilisation nécessaire pour me défendre fait que je ne suis pas en mesure d’assumer sereinement et efficacement la mission que m’ont confiée le président de la République et le Premier ministre » Édouard Philippe, a écrit François de Rugy dans un communiqué. « Dès lors, j’ai présenté ma démission au Premier ministre ce matin« , a-t-il ajouté. Le président Macron, qui l’avait soutenu ces derniers jours, a accepté ce choix.

« Il s’agit d’une décision personnelle » que le président « respecte pour qu’il puisse se défendre pleinement et librement« , a indiqué la présidence à l’AFP. François de Rugy a précisé avoir déposé une plainte en diffamation contre Mediapart, qu’il accuse de « contre-vérités« . « Depuis le début de la semaine dernière, Mediapart (m’)attaque sur la base de photos volées, de ragots, d’approximations, d’éléments extérieurs à ma fonction« . « La volonté de nuire, de salir, de démolir, ne fait pas de doute. Je suis soumis à un feu roulant de questions nouvelles et contraint de parer sans cesse à de nouvelles attaques« , a-t-il déploré.

« Mediapart n’a fait que son travail et continuera de le faire« , a réagi le journaliste de Mediapart Fabrice Arfi. « La démission de M. Rugy (…) montre une chose: l’information a été plus forte que la communication« , a-t-il jugé. Le site s’apprêtait à publier une nouvelle enquête sur l’utilisation de ses frais professionnels de député. Il avait envoyé lundi de nouvelles questions à François de Rugy concernant cette enquête, pour lesquelles il attendait des réponses. « Cette démission s’imposait. L’absence de transparence et le faste des réceptions abîment la confiance dans nos institutions« , a estimé dans un tweet le porte-parole du parti écologiste Europe-Ecologie Les Verts.