Affaire Platinum Power : Belmamoun porte plainte, Toporek démissionne

Omar Belmamoun, PDG de Platinum Power, a déposé une plainte hier contre son associé Michael Toporek qu'il accuse d'avoir détourné un projet de parc éolien à Dakhla. Ce dernier a fait savoir, le même jour, qu'il démissionnait de son poste d'administrateur dans Brookstone Partners Morocco, fonds d'investissement créé par les deux hommes.

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Enième épisode dans la guerre que se livrent depuis de longs mois les actionnaires de Platinum Power. Le 9 avril, le PDG de l’entreprise, Omar Belmamoun, a déposé une plainte auprès du tribunal de première instance de Rabat contre son associé Michael Toporek. Ce dernier est accusé d’“escroquerie, abus de confiance et dilapidation des fonds de l’entreprise” dans le cadre du projet AM Wind.

Ce parc éolien, situé à Dakhla, a été racheté par Michael Toporek au groupe allemand Altus en juillet 2018. L’opération avait pour but de développer le projet Soluna qui prévoit la mise en place d’un data-center alimenté par énergie éolienne. Omar Belmammoun reproche notamment à son associé, qui représente la filiale marocaine du fonds d’investissement Brookstone Partners International, d’avoir pris à son compte le projet au détriment de Platinum Power qui était initialement impliqué.

La plainte déposée par Omar Belmamoun se base sur un contrat signé le 31 juillet 2012 par Platinum Power et Brookstone Partners Morocco (BPM). Celui-ci portait sur deux éléments : une option pour le rachat de 70% des parts d’AM Wind alors détenues par l’allemand Altus (AM WP1), et une option pour la construction d’un parc éolien de 37.000 hectares à Dakhla dans le cadre d’un marché accordé à AM Wind par le gouvernement marocain. Il se trouve cependant que plus tôt cette année-là, en avril, c’est Brookstone Partners International qui avait acquis l’option de rachat des parts d’AM Wind. Brookstone Partners International a ensuite revendu ses droits sur AM Wind à sa filiale marocaine, un jour avant la signature du contrat entre Platinum Power et Brookstone Partners Morocco.

Au mois de février dernier, Michael Toporek nous expliquait que les options d’achat dont disposait Platinum Power sur AM Wind ont expiré en août 2014, et que les discussions entre Belmamoun et les propriétaires allemands de l’époque ont été rompues en 2016, faute d’accord. Toporek reprendra les discussions en avril 2018 avec les Allemands, jusqu’à la signature de la cession d’AM Wind en juillet 2018. Il est à noter qu’à ce jour AM Wind n’a toujours pas produit d’énergie.

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Le deuxième front

La guerre entre les associés de Platinum Power se poursuit aussi sur un autre front, celui de Brookstone Partners Morocco. BPM, c’est le fonds d’investissement créé en 2011 et dans lequel Belmamoun et Toporek sont aussi associés. Le 28 février dernier, Michael Toporek avait déposé une plainte auprès de la cour de première instance de Rabat. Dans cette dernière, il accuse Omar Belmamoun d’avoir détourné 9,5 millions de dirhams du fonds. Pour Michael Toporek, ce détournement est la cause principale de la rupture de confiance vis-à-vis de son partenaire marocain.

Mais, coup de tonnerre, dans un communiqué diffusé le 9 avril, Brookstone Partners International annonce les démissions de deux administrateurs de BPM : Matthew Limpan et Michael Toporek. Des décisions justifiées par “les conclusions alarmantes d’un rapport d’expertise ayant établi des actes d’abus de bien sociaux, de détournements, d’utilisation frauduleuse des fonds de la Société contraires à son intérêt et à son objet social et au seul bénéfice de M. Belmamoun et de ses proches”. Les auteurs du communiqué accusent Belmamoun d’avoir “systématiquement refusé de donner à M. Toporek et M. Lipman l’accès à l’information économique, comptable et financière de la société, ce qui les a contraints à saisir le juge des référés, qui a répondu à leur demande en condamnant M. Belmamoun à communiquer ces informations, sous astreinte de 1.000 dirhams par jour de retard. Cette condamnation a été confirmée en appel”.

Selon les avocats de Michael Toporek, seuls les relevés d’un seul compte appartenant à la société, celui ouvert auprès de la Société Générale, ont été communiqués. Les informations concernant le second compte de BPM, ouvert à la BMCE, n’ont toujours pas été communiquées. Pour Omar Belmamoun, cette démission était une manœuvre visant à éviter une participation au conseil d’administration qui devait initialement se tenir ce mercredi 10 avril. Une réunion, dont l’ordre du jour est “la participation dans la société Finco Prime, gérée par l’équipe de Michael Toporek”. Finco Prime est une structure financière dans lequel BPM a investi 3 millions de dollars.

A ma demande, le tribunal de Rabat a accepté la présence d’un huissier de justice, afin de noter dans un procès-verbal les explications de Lipman et Toporek concernant leurs agissements graves dans l’affaire Finco”, nous déclare Omar Belmamoun. “D’ailleurs, Finco Prime fait l’objet d’une enquête de la SEC (l’autorité des marchés financiers américains, NDLR)”, poursuit-il. Une information démentie par les avocats de Toporek.

Pour ces derniers, la raison de ces démissions n’ont rien à voir avec Finco Prime. Elles auraient plutôt pour objectif de recomposer le conseil d’administration de BPM. “Le nombre minimum d’administrateurs exigé par la loi et par les statuts de la société n’est plus atteint, entrainant, de facto, l’invalidité du Conseil d’Administration qui doit ainsi être reconstitué”, explique le communiqué publié par Brookstone Partners International.

Une situation qui signifie que le PDG de la société est “tenu de  convoquer une assemblée générale dans un délai de trente jours à compter d’aujourd’hui en vue de la reconstitution du conseil d’administration et la nomination d’un nouveau président-directeur général”, conclut le document.