Le Maroc rejette "catégoriquement" le rapport d'Amnesty International

Pour la Délégation interministérielle aux droits de l'Homme, le rapport d'Amnesty International sur le procès des détenus du Hirak à Casablanca constitue "une ingérence flagrante dans le travail de la justice".

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Dans un communiqué rendu public le 31 décembre 2018, la Délégation interministérielle aux droits de l’Homme (DIDH) – un département relevant du chef du gouvernement – a « catégoriquement rejeté » les propos rapportés par l’ONG Amnesty International au sujet du procès des détenus du Hirak à Casablanca dénonçant un « manque d’objectivité et d’impartialité ». Pour la DIDH, « en l’absence d’une lecture juridique réfléchie du verdict initial, le rapport de l’organisation, fait essentiellement dans le doute, rend sa position incompatible avec les normes reconnues au niveau international, notamment les principes fondamentaux relatifs à l’indépendance de la justice ».

Aux yeux des autorités marocaines, « les conclusions tirées (par le rapport, ndlr) manquent de précision et d’objectivité, ce qui rend tout le contenu de ces propos contradictoire avec les données réelles et juridiques du dossier soumis actuellement à la justice ». La position d’Amnesty International constitue ainsi, d’après la même source, « une ingérence flagrante dans le travail de la justice et une atteinte explicite aux normes les plus basiques en la matière ». La Délégation interministérielle aux droits de l’Homme annonce également qu’elle publiera, dans les prochaines semaines, « une réponse détaillée aux allégations rapportées par cette organisation ».

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Dans un long document, rendu public le 17 décembre, l’ONG internationale avait dressé un bilan du procès en première instance des 53 militants du « groupe de Casablanca », dont 39 continuent de purger leurs peines allant jusqu’à 20 ans de réclusion ferme pour le noyau dur du mouvement, tels que Nasser Zafzafi et Nabil Ahamjik. Pour Amnesty International, les droits des détenus ont été violés, par le biais « d’arrestations arbitraires », avant même l’ouverture du procès. L’ONG s’était penchée, entre autres, sur les soupçons « d’aveux forcés » et de « torture » qu’auraient subi les militants lors de leurs gardes à vue et pendant l’enquête préliminaire effectuée par la Brigade nationale de la police judiciaire, sur les conditions d’incarcération des détenus, ainsi que sur les « violations de droits pendant le procès ».

Ce n’est pas la première fois que la DIDH répond directement à un rapport d’une ONG internationale à propos du procès des détenus du Hirak à Casablanca. Le 4 décembre dernier, la Délégation avait déploré « la publication par l’organisation Human Rights Watch (HRW) d’un document dans lequel elle évoque une affaire qui est encore devant la justice ». La DIDH avait dénoncé le « caractère sélectif » du rapport, notant que l’ONG « n’a assisté qu’à 17 des 86 audiences du procès et a basé ses conclusions sur des documents relayés par la presse concernant des allégations de mauvais traitements et sur les avis d’une partie seulement de la défense de la partie civile ».