Pour le Parti de la justice et du développement (PJD), l’inculpation d’Abdelali Hamieddine pour «participation à un homicide volontaire» en lien avec l’assassinat en 1993 de l’étudiant gauchiste Mohamed Aït Ljid Benaïssa, à l’Université Dar El Mehraz de Fès, est « très surprenante ». Dans un communiqué publié dans la soirée du 10 décembre et signé par son secrétaire général Saad Eddine El Othmani, le parti explique qu’il a appris avec «une grande surprise la décision du juge d’instruction de la Cour d’appel de Fès de le poursuivre (Hamieddine, NDLR) alors que la justice avait déjà rendu son verdict pour ces mêmes faits en 1993».
Abdelali Hamieddine avait, en effet, déjà été condamné une première fois en 1993 à deux ans de prison ferme pour son implication présumée dans ce meurtre, avant d’obtenir plus tard réparation auprès de l’Instance équité et réconciliation (IER).
«La réouverture de ce dossier (…) est contraire aux dispositions de l’article 14 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP)» en vertu duquel « nul ne peut être poursuivi ou puni en raison d’une infraction pour laquelle il a déjà été acquitté ou condamné par un jugement définitif conformément à la loi et à la procédure pénale de chaque pays», estime le parti à la lampe.
Pour le PJD, cette décision «constitue une forme extrêmement préjudiciable de principes d’un procès équitable, menace la stabilité et la souveraineté des décisions de justice et porte gravement atteinte à la sécurité juridique».
«Solidarité absolue»
Le parti à la lampe exprime également sa «solidarité absolue» avec Abdelali Hamieddine. Rappelant que son soutien «va au-delà de la simple solidarité partisane», le PJD affirme que ce dossier est «celui du parti, mais aussi celui de tous les hommes de droit».
Pour suivre de près l’évolution du dossier, le parti d’El Othmani a décidé de constituer une commission spéciale qui sera présidée par Mustapha Ramid. Le ministre d’Etat chargé des droits de l’Homme, qui considère cette nouvelle inculpation contraire aux principes d’une «justice équitable», «fournira également le soutien et l’appui nécessaires au frère Abdelali Hamieddine» pendant son procès.
De son côté, l’ancien chef du PJD, Abdelilah Benkirane, ne s’est pas beaucoup attardé sur l’affaire. Dans une déclaration accordée au site de la jeunesse de son parti, l’ancien chef de gouvernement a seulement indiqué que sa position était «la même que celle de Mustapha Ramid».
Le meurtre de l’étudiant Mohamed Ait Ljid Benaïssa, proche de la mouvance de gauche, remonte au 25 février 1993, pendant des affrontements avec des militants islamistes à l’Université Dar El Mehraz de Fès. Condamné en 1994, Abdelali Hamieddine avait alors purgé sa peine avant d’être reconnu «victime» à son tour par l’IER qui a décidé de l’indemniser. Ce sont les proches d’Aït El Jid qui ont voulu rouvrir le dossier sur la base de nouvelles révélations attribuées à Haddioui El Khammar, le seul témoin des faits.