Le PJD en conclave après l’inculpation de Hamieddine pour "complicité de meurtre"

La cour d’appel de Fès a décidé de poursuivre le membre du secrétariat général du PJD Abdelali Hamieddine pour sa présumée "complicité" dans le meurtre de l'étudiant de gauche Mohammed Ait Ljid Benaïssa en 1993. Son avocat dénonce une procédure « politique », son parti se réunit en urgence.

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Abdelali Hamieddine, conseiller parlementaire et membre du secrétariat du Conseil national du PJD. Crédit: Rachid Tniouni / TelQuel

25 ans après l’assassinat de l’étudiant de gauche Mohammed Ait Ljid Benaïssa, la justice vient de prononcer une nouvelle inculpation contre Abdelali Hamieddine. Ce dernier, membre du secrétariat général du Parti de la justice et du développement (PJD), avait déjà été condamné une première fois à deux ans de prison ferme pour son implication présumée dans le même meurtre, avant d’obtenir réparation auprès de l’Instance équité et réconciliation (IER). Vendredi 7 décembre, le juge d’instruction près la cour d’appel de Fès a décidé de poursuivre de nouveau Abdelali Hamieddine pour « participation à un homicide volontaire », comme indiqué dans la copie (ci-dessous) de la décision diffusée ce weekend sur les réseaux sociaux.

Pour son avocat, Abdessamad Idrissi, l’inculpation de son client est purement « politique ». « La décision du juge d’instruction viole malheureusement tous les principes reconnus par la loi », a-t-il estimé dans une publication Facebook, assurant qu’il y a « certaines parties qui cherchent à détruire la confiance (ndlr, de l’opinion publique) dans un pouvoir judiciaire indépendant ».

متابعة عبد العالي حامي الدين متابعة سياسية..قرار قاضي التحقيق للاسف يخرق كل الابجديات والمبادىء المتعارف عليها قانونا..هناك من يسعى لاعدام الثقة في اي امكانية لوجود قضاء مستقل يحتكم للقانون والضمير..

Publiée par Abdessamad Idrissi sur Lundi 10 décembre 2018

« Très étonné », le ministre d’Etat chargé des droits de l’Homme a de son côté qualifié la décision du juge d’instruction d’« étrange ». Dans un long post publié lundi sur son compte Facebook, Mustapha Ramid a estimé, lui aussi, que la nouvelle inculpation de Abdelali Hamieddine va à l’encontre des principes d’une « justice équitable ».

L’avocat de formation et ancien ministre de la Justice (2012-2017) dans le gouvernement Benkirane a notamment fait référence à l’article 14 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) qui dispose que « nul ne peut être poursuivi ou puni en raison d’une infraction pour laquelle il a déjà été acquitté ou condamné par un jugement définitif conformément à la loi et à la procédure pénale de chaque pays ».

تلقيت باندهاش كبير إحالة عبد العلي حامي الدين على الغرفة الجنائية من أجل المساهمة في القتل العمد من قبل قاضي…

Publiée par ‎المصطفى الرميد‎ sur Lundi 10 décembre 2018

Réunion extraordinaire 

Le parti de la lampe a, par ailleurs, annoncé la tenue d’une réunion extraordinaire, ce lundi après-midi, pour « examiner les faits nouveaux liés à la saisine par le juge d’instruction du dossier du frère Abdelali Hamieddine ».

Le meurtre de l’étudiant Mohammed Ait Ljid Benaïssa, proche de la mouvance de gauche, remonte au 25 février 1993, pendant des affrontements avec des militants islamistes à l’Université Dar El Mehraz de Fès. Condamné en 1994 à deux ans de prison ferme pour son implication présumée dans le meurtre, Abdelali Hamieddine avait alors purgé sa peine avant d’être reconnu « victime » à son tour par l’IER qui a décidé de l’indemniser. Ce sont les proches d’Aït El Jid qui ont voulu rouvrir le dossier sur la base de nouvelles révélations attribuées à Haddioui El Khammar, le seul témoin des faits.