L’artiste franco-libanais a également été condamné à une amende de 20 000 euros par le tribunal correctionnel de Créteil et il sera inscrit au fichier national des délinquants sexuels (FIJAIS). « Quatre mois avec sursis pour un bisou que je n’ai pas fait c’est un peu What the fuck? (c’est quoi ce délire?, NDLR)« , a réagi auprès de l’AFP le musicien, qui a écouté l’annonce du jugement calme et le visage fermé. Son avocate Maud Sobel a annoncé son intention de faire appel.
Début novembre, six mois de prison avec sursis avaient été requis à son encontre lors de l’audience où deux versions s’étaient opposées: celle de la jeune femme, aujourd’hui âgée de 18 ans, qui avait raconté à la barre que le musicien l’aurait embrassée une première fois un soir à la sortie d’un cinéma en 2013. Et celle du trompettiste de jazz, âgé de 33 ans au moment des faits, qui soutenait avoir repoussé ses avances: « Je lui ai pris les poignets, je me suis éloigné d’elle, sans la brusquer« . Deux jours plus tard, selon la version de la plaignante, le musicien l’aurait à nouveau embrassée, cette fois dans son studio d’enregistrement d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), où elle faisait un stage. Il l’aurait « attrapée par le bassin« , mimant un acte sexuel. « Je sentais son sexe derrière moi sur mes fesses« , avait-elle déclaré aux enquêteurs. Cette deuxième séquence n’a jamais existé, avait maintenu à la barre le trompettiste, lauréat de quatre Victoires de la musique et César de la meilleure musique originale pour le film « Dans les forêts de Sibérie ». « En aucun cas je n’ai eu d’attirance physique ou sexuelle » pour cette « adolescente« , avait-t-il martelé, se sentant cependant « coupable » de « ne pas avoir su mettre des limites« .
Après le jugement, M. Maalouf s’est dit « scandalisé« . « Le tribunal part du part du principe qu’il n y a pas de raison que cette fille soit en train de mentir. Or nous avons amené toutes les preuves qui prouvent que tout ce qu’elle prétend n’est pas possible« , a-t-il déclaré à l’AFP. « On a montré qu’elle mentait« , a-t-il insisté, en précisant qu’il se « battra » en appel. « Ibrahim Maalouf a toujours contesté les prétendues agressions sexuelles et ce jugement ignore nos preuves de l’absence d’infractions« , a renchéri son avocate Me Sobel.
Les parents de la jeune fille avaient signalé les faits un an plus tard, après qu’elle s’est confiée à un médecin. Elle avait commencé à se scarifier et à avoir des troubles alimentaires, et a depuis effectué plusieurs hospitalisations et thérapies. Une enquête avait été ouverte dans la foulée par le parquet de Créteil débouchant sur le placement en garde à vue en janvier 2017 d’Ibrahim Maalouf. »Comment voulez-vous qu’une jeune fille dont l’état de santé s’est objectivement dégradé, mente, pour rien, juste parce qu’elle aurait été vexée d’avoir été éconduite ?« , s’était énervé le procureur dans ses réquisitions. »Il faut plus que de l’aplomb pour imputer ça à une jeune fille de 14 ans« , avait-il lancé.Au contraire, Me Sobel, avait, elle, parlé de « dépit amoureux » d’une jeune fille qui « aurait souhaité que cette transgression continue« .
Né à Beyrouth en 1980, Ibrahim Maalouf a collaboré avec de grands noms du jazz, dont le trompettiste Wynton Marsalis, et est régulièrement invité des grands festivals.