Les médecins du privé accordent un sursis au ministère en levant leur grève du 22 novembre

Prévue pour le 22 novembre, la grève nationale des médecins du secteur privé n’aura finalement pas lieu. Les négociations en cours avec la tutelle auraient apaisé la tension des professionnels du secteur, qui « croient en la bonne volonté du ministre de la Santé ».

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Yassine Toumi / TelQuel

Après une grève nationale tenue le 18 octobre, les médecins du secteur privé, toutes organisations confondues, ont décidé d’annuler la deuxième étape de leur parcours revendicatif. Les cabinets privés ainsi que les cliniques ouvriront donc leurs portes le 21 novembre pour permettre l’accès des citoyens aux soins de santé. En revanche, les médecins du secteur public observeront bien quant à eux une grève de 72 heures les 19, 22 et 23 novembre.

«La réussite de la grève nationale du 18 octobre dernier à plus de 80% a envoyé les signaux nécessaires à la tutelle pour faire des ponts et ouvrir la voie aux négociations », signale Moulay Saïd Afif, président du Collège syndical des médecins spécialistes privés. Et d’ajouter : « Nous sommes des médecins responsables. À partir du moment où le ministère de la Santé est entré en négociation avec les bases syndicales, et qu’on a été reçu par le secrétaire général du ministère, puis par le ministre, nous avons décidé d’annuler la grève prévue pour le 18 octobre». 

Des réunions en marque de bonne volonté

Toutefois, les premières réunions organisées entre les différentes parties prenantes n’ont pas encore porté leurs fruits. Mais pour Moulay Saïd Afif, la tutelle a manifesté sa volonté de se pencher sur les différentes problématiques du secteur avec l’ambition de les « résoudre dans les plus brefs délais ». Sur cette trame, plusieurs réunions sont prévues à partir de la semaine prochaine entre les représentants des médecins et cliniques privées, et les différents acteurs du système de santé, dont le directeur de l’Agence nationale de l’assurance maladie qui devra résoudre le problème de la tarification nationale de référence.

Sur un autre volet, les six organes syndicaux mènent des discussions avec la direction générale des impôts sur le volet de l’impôt et celui du contrôle fiscal. « La direction générale des impôts mène des discussions avec les représentants de toutes les professions libérales, dont les médecins du secteur privé. Ces discussions portent essentiellement sur la rectification des impôts comme prévu par la loi. Cette procédure devra profiter à quelques médecins, comme c’était le cas l’année dernière », informe notre source. Et de détailler : « Il n’a jamais été question d’amnistie fiscale. Les médecins libéraux veulent se conformer à la réglementation en vigueur et payer les taxes, étant donné que cet argent renflouera les caisses de l’État et aura un impact direct sur les différents secteurs sociaux».

Le 20 décembre, date butoir

S’ils ont accepté de lever la grève du 20 novembre, c’est aussi que les six syndicats représentants des médecins du privé ont fixé une date butoire au ministère de la Santé pour confirmer sa « bonne volonté » en concrétisant ses promesses. « On doit parvenir à résoudre au moins un point de notre dossier revendicatif avant le 20 décembre. Sinon, une assemblée générale se tiendra en la présence des différents organes syndicaux pour prendre les décisions qui s’imposent », souligne notre source. Dans ce sens, les syndicats de médecins et cliniques privées ont d’ores et déjà prévu l’organisation d’une grève nationale le 20 décembre, ainsi qu’un sit-in devant le ministère de la Santé.

Quid des revendications

«Les médecins du secteur privé ont fait preuve de responsabilité et de bon sens en annulant cette grève qui coïncide avec celle des médecins du secteur public. Il est temps aujourd’hui pour la tutelle de faire preuve de bonne volonté en se penchant sur les problèmes qui affectent ce secteur vital», conclut notre interlocuteur.

Les médecins du secteur privé réclament, entre autres, l’amendement de la loi 8-12 relative à l’Ordre des médecins pour changer le mode de scrutin, la préservation de la santé des citoyens à travers la lutte contre les phénomènes d’automédication et du charlatanisme, la refonte de la convention AMO – avec une révision tarifaire et l’adoption d’un système de soins optimisé basé sur les soins primaires – ainsi que la mise en place d’un système de prévention, organisé autour du médecin généraliste comme coordinateur.