Réduire la mortalité maternelle et néo-natale, améliorer les conditions d’accès et de réalisation de l’assistance médicale à la procréation, favoriser les techniques alternatives de contraception, réduire le recours excessif à la césarienne… Tels sont les objectifs de la nouvelle collaboration entre le Centre de santé reproductrice de la Maternité des Orangers à Rabat, relevant du CHU Ibn Sina (CHUIS) et de l’Organisation mondiale de la santé.
Le ministre de la Santé Anas Doukkali, qui devrait prochainement présenter son plan stratégique 2020-2025, a présidé le 5 septembre la cérémonie d’inauguration du centre hospitalier au sein de la maternité dirigée par le professeur Rachid Bezad, et désigné comme « centre collaborateur » de l’OMS sur « la santé reproductrice, la formation et la recherche ».
Une première au Maroc. Au mois six autres « centres collaborateurs » existent dans la région de la Méditerranée orientale et coopèrent avec l’OMS dans la mise en œuvre et l’évaluation des activités et des programmes de l’organisme onusien en matière de la santé reproductive au niveau national, régional et global.
Pour le docteur Hafid Harchi, représentant de l’OMS à Rabat, « cela signifie que l’OMS reconnaît la Maternité des Orangers comme un centre d’excellence, mais aussi comme un soutien à l’OMS pour appuyer les 22 pays de la région de la Méditerranée orientale dans trois domaines : la planification familiale, la santé de la reproduction et la procréation médicalement assistée ». Le centre sera également un « appui pour la stratégie ministérielle 2020-2025 dans le domaine de la santé reproductive ».
Réduire la morbidité maternelle
Parmi les objectifs de la collaboration : la réduction de la morbidité maternelle, qui concerne actuellement 71,6 femmes pour 100.000 naissances vivantes – sachant que le Maroc compte environ 600.000 naissances vivantes par an. « Le Maroc a déjà beaucoup réduit son ratio, qui était à environ 128 sur 100.000 dans les années 1990. Il se rapproche de l’objectif mondial l’OMS, qui est de réduire la mortalité moyenne à moins de 70 femmes pour 100.000 d’ici 2030 », explique le docteur Hafid Harchi.
Mais la marge de progression du Royaume est d’autant plus importante que les trois principales causes de morbidité maternelle – qui sont l’hémorragie, l’éclampsie (due à l’hypertension) et les infections – sont des causes évitables et pour lesquelles il existe des traitements.
Diversifier la contraception et freiner les césariennes
Autre domaine de collaboration entre le centre du docteur Bezad et l’OMS, l’amélioration de l’accès à des modes alternatifs de contraception. Selon le docteur Harchi, « la prévalence contraceptive est de 70%. C’est un taux déjà élevé, mais le problème se situe plus au niveau de la qualité des prestations que de la planification familiale. En effet, la majorité des femmes marocaines utilisent la pilule, qui peut être incompatible avec certaines pathologies. Il existe d’autres méthodes comme le dispositif intra-utérin (le stérilet, ndlr), qu’il faut promouvoir », estime-t-il.
La Maternité des Orangers travaillera également sur le sujet de la césarienne, dont le recours au Maroc dépasse largement les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé. Il concerne pratiquement 60% des accouchements (chiffres CNOPS 2016), là où il devrait selon l’OMS ne pas dépasser 15%. « Nous voulons stopper les recours excessifs. Nous avons entamé une réflexion sur le sujet avec le Professeur Bezad et nous envisageons de mener des études pour en connaître les causes », explique le représentant de l’OMS, qui pointe également le coût important de cet acte pour les organismes de sécurité sociale.
Former les médecins à la procréation médicalement assistée
Concernant la procréation médicalement assistée, dont le projet de loi a récemment été adopté par la Chambre des représentants et poursuit son parcours législatif à la Chambre des conseillers, l’objectif de la Maternité des Orangers sera d’« appuyer l’OMS dans la formation de médecins dans le cadre de cette nouvelle technique, pour favoriser le bien-être des couples et des familles rencontrant des problématiques d’infertilité », explique le docteur Harchi.
Il précise que la formation des médecins comprendra un volet de sensibilisation à la nouvelle loi. Un texte vivement critiqué par les professionnels de la PMA. Il s’agira également de « mieux informer la population sur ses droits relatifs à l’assistance médicale à la procréation ».
Conclue pour une durée de quatre ans, la collaboration entre le centre de santé reproductive et l’OMS s’achèvera en septembre 2022 et pourra être reconduite.
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