Selon le ministère de la Communication, le classement RSF 2017 est “insensé”

Dans un communiqué, le ministère de la Culture et de la communication estime que le rapport annuel 2017 de l'organisation Reporters sans frontières (RSF) est “biaisé, manque de précision et ne rend pas compte avec objectivité et impartialité de nombreux indicateurs positifs”.

Par

TNIOUNI/TELQUEL

Réagissant aux observations et commentaires de RSF, contenus dans la partie de son rapport consacrée au Maroc, le département de Mohamed Laâraj précise que le classement accordé par cette organisation au Royaume est “injuste et inéquitable, voire insensé”. Il exprime son rejet catégorique du contenu, “étant donné que la méthodologie adoptée lors de sa réalisation manque de professionnalisme et d’indépendance, notamment en matière d’investigation sur le terrain et de sources d’information”.

Le ministère affirme « qu’aucun journaliste » n’a été jugé l’an dernier au Maroc pour une affaire « relative à la pratique journalistique, à l’expression d’opinion ou à la liberté d’expression », et ce en réponse aux observations du rapport de RSF qui fait état de cas de jugements d’acteurs médiatiques au cours des dernières années, ainsi que de pressions judiciaires contre les journalistes en 2017.

Selon le texte, « le seul et unique cas enregistré mettant en cause une personne exerçant le métier de journaliste et détentrice de la carte de presse concerne une personne poursuivie dans le cadre d’une affaire qui n’a rien à voir avec l’exercice du métier de journaliste, mais bien d’un délit relevant du droit public, et plus précisément l’incitation à participer à une manifestation non-autorisée ».

Le journaliste concerné est Hamid El Mahdaoui, condamné à un an de prison ferme par le tribunal de première instance d’Al Hoceïma pour « incitation d’individus à commettre des délits par des discours et des cris dans des lieux publics« . Le directeur de publication du site Badil est également poursuivi par la chambre criminelle de la Cour d’appel de Casablanca, dans le cadre du procès des 54 détenus du Hirak. Il est accusé de « non-révélation d’attentat contre la sûreté de l’État« .

S’agissant des entraves présumées au travail des médias marocains et étrangers, lors de leur couverture des événements qu’ont connues certaines régions du Rif, le ministère répond que « ces affirmations mensongères sont dénuées de tout fondement. (…) Aucun support papier ou électronique ne s’est vu interdire d’exercer le journalisme ni subir de tentative d’influer sur son contenu. Aucune station de radio ou chaîne de télévision n’a été interdite ou perturbée dans sa couverture des événements dans la région précitée, ou empêchée d’avoir recours aux moyens lui permettant de mener à bien le suivi et l’investigation ». Toujours d’après la même source, 97 correspondants basés au Maroc, de 21 nationalités et représentant 61 médias étrangers, ont reçu leur accréditation en 2017.

Quant aux envoyés spéciaux étrangers, le communiqué considère qu’ils ont effectué « des centaines de missions médiatiques, en toute liberté et toute indépendance, dans toutes les régions marocaines, y compris le Rif ». En 2017, 951 autorisations ont été accordées à des médias étrangers, « sans ingérence aucune dans leur travail journalistique, dont une part a été diffusée en direct ».

Le 28 septembre pourtant, alors qu’il effectuait un reportage à Al Hoceima sur le Hirak rifain pour The Guardian, le journaliste Saeed Kamali Dehghan a été expulsé du Maroc.

Plus tôt, en mai, le journaliste du quotidien algérien El Watan Djamel Alilat avait lui aussi été expulsé après avoir été arrêté lors d’une manifestation à Nador.

Enfin, concernant les « journalistes citoyens » – dont quatre, selon RSF, sont actuellement derrière les barreaux (Abdelkabir Al-Hor, AbdelAli Haddou, Fouad Assaidi, Mohamed Al Asrihi) – les services de Mohamed Laâraj juge que ce statut ne peut « en aucun cas abroger ou remplacer le concept de la presse professionnelle, qui demeure une profession régie par la loi et pratiquée selon des normes, des critères et une déontologie reconnues, étudiées dans tous les instituts de l’information et pratiquées par toutes les rédactions à travers le monde ».

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(Avec MAP)

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